N° 1175 | Le 10 décembre 2015 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Une frontière

Patrice Favaro


éd. Le Muscadier, 2015, (152 p. – 11,50 €) | Commander ce livre

Comment parler de l’absurdité de la guerre à des adolescents ? Patrice Favaro réussit fort bien à le faire, en nous plongeant dans cette amitié qui relie deux garçons de 13 ans, Sâr et Nôr, que tout rapproche, sauf la religion de leur famille : l’une rend hommage au Soleil et l’autre à la Lune. La partition de leur pays a vu se regrouper les populations au sein de deux nations rivales dont la quête de distinction est proportionnelle à leur profonde similitude : le Souryastan et le Chandrastan. La famille de Nôr a refusé de rejoindre sa communauté d’origine vivant dorénavant de l’autre côté de la frontière, préférant cohabiter en parfaite harmonie avec ses voisins adeptes du Soleil.

Quand une tension surgit entre les deux pays, apparaissent toutes les affres du nationalisme et du patriotisme. Les deux enfants, d’abord conquis par cette effervescence qui les sort de leur routine, vont bientôt prendre conscience de l’absurdité de la mystification à laquelle on voudrait les associer. Pour être totalement fictive, la description de ce conflit national n’en renvoie pas moins à des scénarios régulièrement recommencés par une espèce humaine qui ne cesse de s’entretuer pour des futilités insignifiantes, préférant la corruption et l’arbitraire au progrès social, ainsi que la dictature du parti dominant et le culte de la personnalité du dirigeant bien aimé à l’amélioration du niveau de vie de la population.