L’Actualité de Lien Social RSS


Un documentaire "accablant" ? Consternant surtout.

Comment réagit un praticien de la protection de l’enfance, spectateur de la soirée diffusée hier soir sur l’ASE par France 3 et promettant d’être "accablant" ? Ce travail journalistique comporte en premier lieu de grossières erreurs : des familles d’accueil qui ne bénéficieraient d’aucune formation (alors que le Diplôme d’état d’assistant familial existe …depuis 2006 !) ou des enfants placés à qui l’on refuserait l’adoption (alors que ce n’est possible … qu’après accord préalable parental).

Généralisation facile

Puis, vient cette surévaluation des dysfonctionnements : aussi insupportable soit-elle, la proportion des 177.000 enfants placés victimes de maltraitance reste à établir. Sans oublier l’effet pervers de généralisation. Si certains magistrats n’écoutent effectivement pas l’enfant, beaucoup le reçoivent en début d’audience, seul, avant sa famille et les travailleurs sociaux.

Si certaines ASE jettent parfois les jeunes à la rue à 18 ans, bien d’autres les accompagnent jusqu’à leurs 21 ans. Si certaines familles d’accueil continuent scandaleusement à exercer malgré leur condamnation pour maltraitance, celles qui dérapent se voient le plus souvent suspendues dès la première suspicion.

Une réalité financière, certes...

Mais cette émission renvoie néanmoins crûment aux réalités de terrain : pénurie de places dans les foyers, sous-dimensionnement des équipes d’internat, familles d’accueil insuffisamment soutenues, hébergements en hôtel compensant le manque de structures adaptées, pléthore des quarante mesures suivies par le professionnel, pathologies psychiatriques non soignées par un hôpital lui-même en surcharge, cohabitation des agresseurs et victimes par manque de solutions relais, pénurie d’intervenants qualifiés dans les établissements aux conditions les plus dégradées…

Alertes répétées

Les professionnels ne cessent d’alerter et de dénoncer ces dérives, mais leur voix pèse peu face au dogme de la réduction des dépenses sociales. Ils se sont engagés pour protéger l’enfant, mais se retrouvent à cautionner les maltraitances institutionnelles. Que faire, quand rien ne change : démissionner ou se résigner ?
Autre piste : rester mobilisé, continuer de protéger l’Enfance, croire en nos métiers... Malgré tout.


PS : suite à la publication de notre chronique, nous avons reçu cette réaction, via Twitter : « Votre papier comporte de grossières erreurs !!!
1) L’obtention d’un agrément n’est pas conditionnée à l’obtention du diplôme d’état.
2) L’adoption est possible et facilité depuis 2016 grâce la procédure de déclaration de délaissement parental. »

Voici la réponse de Lien Social :

Ce Monsieur a tort sur le premier point et raison sur le second.
Tort sur la première remarque parce que mon papier n’évoque à aucun moment l’obligation du diplôme d’état pour avoir l’agrément. Il contredit simplement l’affirmation selon laquelle les familles d’accueil ne bénéficieraient d’aucune formation. Le diplôme permet simplement de bénéficier du renouvellement automatique de l’agrément qui est autrement revue tous les cinq ans
Effectivement, la procédure judiciaire de délaissement parental favorise l’adoption, à condition toutefois que l’ASE présente les preuves comme quoi tout le soutien éducatif a pu être apporté aux parents, pour éviter ce délaissement.