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📝 Tribulations d’une assistante sociale de rue ‱ « Ă” rage ! Ô dĂ©sespoir ! » (1)

Actuellement, je traverse une pĂ©riode trouble au travail. Effectivement, depuis quelques mois, je cherche Ă  le quitter car le fonctionnement et le positionnement hiĂ©rarchique m’ont Ă©puisĂ©e. La solution est proche mais pas encore totalement certaine. Cela me laisse alors dans un Ă©tat second : entre implication et dĂ©sinvestissement. Je me confronte donc rĂ©guliĂšrement soit Ă  l’un, soit Ă  l’autre et suis prise entre des conflits d’intĂ©gritĂ© ou de conscience professionnelle et l’obligation de lĂącher prise. Oui, il m’est nĂ©cessaire de lĂącher prise si je veux rĂ©ussir Ă  me dĂ©faire de cette position/fonction, que je tiens depuis quatre ans, afin d’en envisager une nouvelle pour mon futur emploi.

À mes doutes et mes difficultĂ©s de positionnement s’est ajoutĂ© un Ă©vĂšnement particuliĂšrement violent devenu la goutte d’eau faisant dĂ©border le vase. Aussi surprenant que cela le soit, cette violence s’est exprimĂ©e au sein mĂȘme de l’équipe et n’est pas venue de l’extĂ©rieur, c’est-Ă -dire du public accompagnĂ©. VoilĂ , peut-ĂȘtre aussi, pourquoi j’ai Ă©tĂ© autant touchĂ©e par les faits. La colĂšre, voire la rage, est le sentiment qui a surpassĂ© tous les autres. Je me suis donc refusĂ©e Ă  travailler emplie de cette Ă©motion nĂ©gative. Je ne m’imaginais pas recevoir des personnes se sentant mal en Ă©tant, moi-mĂȘme, en difficultĂ©. Un arrĂȘt maladie d’une dizaine de jours m’a Ă©tĂ© prescrit, pour la premiĂšre fois de ma carriĂšre.

Le social est un domaine oĂč la violence devient inconsĂ©quente, puisque trop Ă©prouvĂ©e. Pourtant Ă  ce moment-lĂ , je refuse de l’ignorer et de continuer comme s’il s’agissait d’un Ă©vĂšnement futile. NĂ©anmoins, cela demande un courage Ă©norme, pour un travailleur social, d’accepter qu’il ne soit pas ou plus en capacitĂ© d’assurer ses missions, faute de protection structurelle. Effectivement, aprĂšs la colĂšre ou la rage, un sentiment de culpabilitĂ© peut vite Ă©merger : Pourquoi n’étais-je pas prĂ©sente lors de ce passage Ă  l’acte violent ? Ne quitterais-je pas l’équipe au moment oĂč elle a besoin de se recentrer sur elle ? N’abandonnerais-je pas le public dans une pĂ©riode de confiance Ă©branlĂ©e face Ă  notre service ?

Quelles que soient les rĂ©ponses Ă  ces questions, j’ai dĂ» me faire violence – encore ! – pour accepter cette culpabilitĂ© et, ainsi, la transformer en tristesse. Cette tristesse s’incarne dans tout ce que j’abandonne avec la prĂ©vision d’un futur dĂ©part : la complicitĂ© entre collĂšgues ; le lien avec le public ; le type d’accompagnements menĂ©s ; la lĂ©gĂšretĂ© qui a, bien trop souvent, permis de surmonter des pĂ©riodes de crises


Je ne pars pas parce que je n’aime plus mes missions, je quitte ce poste car la maltraitance structurelle est devenue trop oppressante et insĂ©curisante pour que je poursuive mon travail sereinement. Je pars car mon dĂ©sespoir Ă  attendre une Ă©volution de ce fonctionnement devient trop prĂ©gnant et Ă©touffant.

L’espoir, je le garde pour aprùs.
Actuellement, je traverse une pĂ©riode trouble au travail. Effectivement, depuis quelques mois, je cherche Ă  le quitter car le fonctionnement et le positionnement hiĂ©rarchique m’ont Ă©puisĂ©e. La solution est proche mais pas encore totalement certaine. Cela me laisse alors dans un Ă©tat second : entre implication et dĂ©sinvestissement. Je me confronte donc rĂ©guliĂšrement soit Ă  l’un, soit Ă  l’autre et suis prise entre des conflits d’intĂ©gritĂ© ou de conscience professionnelle et l’obligation de lĂącher prise. Oui, il m’est nĂ©cessaire de lĂącher prise si je veux rĂ©ussir Ă  me dĂ©faire de cette position/fonction, que je tiens depuis quatre ans, afin d’en envisager une nouvelle pour mon futur emploi.

À mes doutes et mes difficultĂ©s de positionnement s’est ajoutĂ© un Ă©vĂšnement particuliĂšrement violent devenu la goutte d’eau faisant dĂ©border le vase. Aussi surprenant que cela le soit, cette violence s’est exprimĂ©e au sein mĂȘme de l’équipe et n’est pas venue de l’extĂ©rieur, c’est-Ă -dire du public accompagnĂ©. VoilĂ , peut-ĂȘtre aussi, pourquoi j’ai Ă©tĂ© autant touchĂ©e par les faits. La colĂšre, voire la rage, est le sentiment qui a surpassĂ© tous les autres. Je me suis donc refusĂ©e Ă  travailler emplie de cette Ă©motion nĂ©gative. Je ne m’imaginais pas recevoir des personnes se sentant mal en Ă©tant, moi-mĂȘme, en difficultĂ©. Un arrĂȘt maladie d’une dizaine de jours m’a Ă©tĂ© prescrit, pour la premiĂšre fois de ma carriĂšre.

Le social est un domaine oĂč la violence devient inconsĂ©quente, puisque trop Ă©prouvĂ©e. Pourtant Ă  ce moment-lĂ , je refuse de l’ignorer et de continuer comme s’il s’agissait d’un Ă©vĂšnement futile. NĂ©anmoins, cela demande un courage Ă©norme, pour un travailleur social, d’accepter qu’il ne soit pas ou plus en capacitĂ© d’assurer ses missions, faute de protection structurelle. Effectivement, aprĂšs la colĂšre ou la rage, un sentiment de culpabilitĂ© peut vite Ă©merger : Pourquoi n’étais-je pas prĂ©sente lors de ce passage Ă  l’acte violent ? Ne quitterais-je pas l’équipe au moment oĂč elle a besoin de se recentrer sur elle ? N’abandonnerais-je pas le public dans une pĂ©riode de confiance Ă©branlĂ©e face Ă  notre service ?

Quelles que soient les rĂ©ponses Ă  ces questions, j’ai dĂ» me faire violence – encore ! – pour accepter cette culpabilitĂ© et, ainsi, la transformer en tristesse. Cette tristesse s’incarne dans tout ce que j’abandonne avec la prĂ©vision d’un futur dĂ©part : la complicitĂ© entre collĂšgues ; le lien avec le public ; le type d’accompagnements menĂ©s ; la lĂ©gĂšretĂ© qui a, bien trop souvent, permis de surmonter des pĂ©riodes de crises


Je ne pars pas parce que je n’aime plus mes missions, je quitte ce poste car la maltraitance structurelle est devenue trop oppressante et insĂ©curisante pour que je poursuive mon travail sereinement. Je pars car mon dĂ©sespoir Ă  attendre une Ă©volution de ce fonctionnement devient trop prĂ©gnant et Ă©touffant.

L’espoir, je le garde pour aprùs.


(1) Tirée du monologue de Don DiÚgue, dans le Cid de Corneille (Acte I, scÚne 4)

(1) Tirée du monologue de Don DiÚgue, dans le Cid de Corneille (Acte I, scÚne 4)