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Travail social : la mixité, à tout petits pas

Le chemin vers l’égalité professionnelle entre hommes et femmes est encore long, comme le montre la récente étude menée par l’IGAS et l’IGAENR* sur l’évaluation des actions publiques en faveur de la mixité des métiers. Emploi des femmes concentré sur les métiers moins qualifiés et moins rémunérés que les hommes, choix d’orientation plus restreints que ces derniers, conciliation vie personnelle et professionnelle complexe.

Ségrégation sexuée

Dans ce domaine, la mixité dans le travail social est parlante : les travailleurs sociaux et les étudiants de ces filières sont des femmes à 90%. Cette part a même augmenté entre 1982 et 2014. Mais elle reste majoritaire ou quasi-exclusive dans les métiers les moins qualifiés et en lien avec les enfants.

  • les Assistant·es Sociaux·ales, Conseiller·es en Économie Sociale et Familiale et Aide Médico Psychologiques sont à 90% des femmes
  • les Éducatrices de jeunes enfants ou les travailleuses familiales (assistantes maternelles, aides à domicile) sont quasi-exclusivement des femmes.
  • les filières éducatives (Moniteur·trice Éducateur·trice, Éducateur·trice Spécialisé·es, Cadre socio-éducatif) et l’animation sont plus équilibrées, les femmes représentent les 2/3 des effectifs.
  • dans l’aide par le travail (éducateur·trice technique, moniteur·trice d’atelier), ce sont les hommes qui sont majoritaires à plus de 70%.

Le plan d’action en faveur du travail social et du développement social pointait déjà une « très forte ségrégation sexuée » s’appuyant « sur une vision caricaturale des métiers du travail social, renvoyés à des compétences dites naturelles des femmes pour s’occuper d’autrui et des hommes pour diriger ». Car si les hommes sont absents de certaines professions, ils sont bien présents dans d’autres (éducateurs spécialisés) et dans l’encadrement.

Quelles solutions pour davantage de mixité ?

Si des efforts sont faits pour permettre aux femmes d’accéder aux métiers traditionnellement masculins, l’inverse ne se produit pas : dans les métiers de tradition féminine, on engage peu les hommes à s’investir. Promouvoir la mixité dans le secteur de la petite enfance, des métiers de l’éducation, sanitaires et sociaux, permettrait aussi au regard sociétal de se transformer. Si les hommes investissaient la sphère professionnelle de l’aide à autrui, cela aurait un effet sur le rééquilibrage des responsabilités domestiques et familiales, et réduirait « la charge mentale » qui pèse sur les femmes au quotidien.

Le rapport préconise donc de soutenir la mixité par le biais d’une « stratégie d’information, de formation et de sensibilisation d’une ampleur suffisante » :

  • diffuser des campagnes de communication sans stéréotypes de sexe
  • promouvoir une culture de l’égalité fille-garçon dès le plus jeune âge
  • faire progresser la parité au gouvernement et dans les institutions politiques
  • former les acteurs relais (ex : les conseillers Pole Emploi)
  • faire respecter la féminisation des noms de fonctions etc.
    Des plans d’actions doivent ensuite être établis :
  • ciblés sur les métiers du numérique pour attirer un public féminin
  • sur les métiers sanitaires et sociaux pour embaucher davantage d’hommes. Les employeurs publics seront les premiers acteurs de ce recrutement.
  • la diffusion du label « Égalité professionnelle »
    Le précédent gouvernement s’était donné comme objectif d’atteindre un tiers de métiers mixte à l’horizon 2025. Reste à savoir quelles seront les ambitions de Marlène Schiappa, nouvelle secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Rapport intégral

*IGAS : Inspection Générale des Affaires Sociales
IGAENR : Inspection Générale de l’Administration, de l’Éducation Nationale et de la Recherche