L’Actualité de Lien Social RSS


Retour de vacances (Désolé !)

Nadja Remadna a écrit un livre passionnant qui s’intitule Comment j’ai sauvé mes enfants. Elle se revendique « Maman », habite Sevran et a bâti en réaction à la montée de la radicalisation, mais aussi des risques de délinquances dans les quartiers sensibles, une organisation : « La brigade des Mères » fédère des femmes qui veulent se mobiliser.

Dans cet ouvrage, elle interroge et même interpelle les travailleurs sociaux en général avec quelques exemples savoureux de décalages entre les réponses stéréotypées de l’ASE ou des services sociaux et le désespoir des parents. Elle critique aussi vertement les éducateurs travaillant sur les quartiers qu’elle assimile à des sortes de « complices » involontaires des « barbus » régulateurs de la violence et garants d’une certaine morale. Bien entendu, ce sont les politiques ayant pactisé qui en prennent le plus. Nadja Remadna estime qu’ils se sont appuyés par lâcheté sur ces « médiateurs religieux » pour garantir la paix sociale sans mesurer le travail souterrain de prosélytisme, de propagande islamiste et d’éloignement des « valeurs » républicaines qu’ils opéraient.

Le psy du Djihad

La critique est sans doute un peu caricaturale et généralisée à partir d’un seul exemple mais il faut faire rentrer cette réflexion de terrain dans l’ensemble des analyses portées aujourd’hui sur les phénomènes de dérive « islamo-adolescente » et qui a le mérite de n’être sous tendu par aucun intérêt politicien, ce qui devient rare. Je serais en revanche beaucoup plus méfiant de celui qui s’est autoproclamé « le psy du Djihad ». Patrick Amoyel, devenu en quelques mois la voix officielle et « scientifique » du djihadisme, défend une position entièrement basée sur une sorte de « guerre civilationnelle » qui anéantit de fait toute action éducative de terrain.

Il ne fait pas de doute que la réflexion sur le travail des éducateurs ( s’il en reste) va se trouver au cœur des polémiques à venir. Armons-nous théoriquement et conceptuellement, nous allons en avoir besoin.

Etienne Liebig

Nota - Article publié dans Lien Social n°1190
La lecture de nos infréquentables chroniqueurs reste le privilège des abonnés de Lien Social, mais pour le plaisir, nous les partageons désormais de temps en temps sur ce site. Attention tout de même : si vous vous attachez à eux autant que nous le sommes, vous prenez le risque de vous abonner à votre tour... Cela dit, rassurez-vous, en nous lisant tout entier, vous ne ferez que soutenir un journal indépendant !