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Prisons : la réforme Macron ne convainc pas

Les syndicats ont fraîchement réagi aux annonces faites par le président Emmanuel Macron sur les prisons lors de son déplacement le 6 mars à l’École nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP) d’Agen.

Concernant l’annonce de la création de 1 500 postes de conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP), la CGT insertion-probation renvoie à la situation actuelle : « Loin des 40 personnes prises en charge par agent promises pendant sa campagne, la réalité est plus douloureuse : un conseiller d’insertion et de probation peut ainsi se retrouver avec plus de 130 personnes à suivre ! Aujourd’hui, le recours à d’éventuels agents non titulaires confirme la précarisation de nos métiers, la déqualification par des recrutements de CDD sans formation initiale et la décrédibilisation de l’ENAP, puisque les contractuels ne sont pas formés à l’école. »

Une agence nationale du TIG

L’annonce laisse également dubitative l’Union syndicale de la magistrature car ces recrutements sont évoqués depuis 2014. Il faudra pourtant de vraies créations de postes pour appliquer les nouvelles directives visant à éviter l’enfermement pour les peines de un à six mois.

« La réponse sera ainsi rapide, affirme le Président. Il faut renforcer la détention à domicile par la surveillance électronique par le bracelet. Il faut accroître le contrôle hors les murs. » La réponse sera aussi économique, une journée de détention coûtant 100 euros contre 11 euros avec un bracelet électronique.

D’autre part, le ministère de la justice entend également développer les travaux d’intérêt général (TIG), présenté comme un outil d’insertion, en les dotant d’une agence nationale. Actuellement, faute de personnel pour accompagner cette alternative à l’incarcération, les peines de TIG se limitent à 17 000 par an.

Des SPIP, pas des places

« Non, les peines en attente d’exécution et aménagées ne sont pas des peines inexécutées ou qui ont vocation à être inexécutées. indique le Syndicat de la magistrature. Ce sont des peines dont les modalités d’exécution sont déterminées par le juge de l’application des peines et le service pénitentiaire d’insertion et de probation. Ce travail n’est pas mécanisable et il prend du temps : il n’aurait, sinon, aucun sens… Ce travail est, par contre, largement perfectible. Mais pour cela, il faudrait donner des moyens supplémentaires que le ministère se refuse de mettre ailleurs que dans la construction de places de prisons supplémentaires. »

Les entreprises de BTP devraient s’y retrouver avec un objectif de création de 7 000 places sur le quinquennat. Puisque les peines de plus d’un an ne pourront plus être aménagées, c’est sûr, il va falloir pousser les murs.