N° 631 | Le 29 août 2002 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Mon enfant est-il précoce ?

Jean-Marc Louis


Interéditions, 2002, (152 p. ; 15 €) | Commander ce livre

Thème : École

L’enfant est très actif, largement ouvert aux stimulations et explore avec une certaine avidité son environnement. Il est en avance dans la maîtrise du langage et déstabilise l’adulte par la pertinence de ses réponses. Pourtant, il manque de confiance en lui, vit en décalage avec les enfants de son âge qu’il ne fréquente pas et rencontre des difficultés à l’école. Là, il n’écoute pas et semble s’ennuyer, il se précipite sur la tâche mais ne la termine pas toujours.

Ce que l’on pourrait considérer comme un privilège garantissant un meilleur avenir, s’avère le plus souvent un handicap. La précocité recèle en réalité une grande fragilité. Elle secoue les fondements de la vie familiale et perturbe la dynamique des relations sociales. Ce qui la caractérise c’est, non seulement, l’avance sur son âge dans les domaines de l’intelligence, mais aussi un décalage par rapport au développement psychomoteur ou affectif. L’enfant est doté d’une forte capacité langagière, mais peut se trouver malhabile dans ses tentatives d’écriture. Il est capable de tenir tête (voire même contester avec justesse) le raisonnement de l’adulte, mais ne peut partager les jeux des enfants de sa génération.

Résultats : des comportements difficiles le plaçant dans le rôle du bouc émissaire ou l’obligeant à un repli sur soi. Les raisons de cette précocité ne sont pas bien définies. Elle n’est pas le produit d’une mise à disposition d’opportunités ou de matériels éducatif ou culturel particuliers. Si les parents jouent un rôle, c’est du fait de leur implication, l’intérêt et la complicité qu’ils déploient en direction de leur enfant, la confiance, la présence sécurisante, l’image positive qu’ils lui offrent. Conditions peut-être nécessaires, mais pas suffisantes. On commet fréquemment beaucoup d’erreurs face à un enfant précoce. Il ne faut ni freiner son développement intellectuel, ni lui renvoyer une image d’anormalité. Plus que tout autre enfant, il se construit à partir de l’image que l’environnement lui renvoie.

Aussi, faut-il faire tout particulièrement attention à son estime de soi, souvent malmenée, en portant son regard plus sur sa nature que sur ses capacités exceptionnelles. Ce dont il a besoin, avant tout, c’est qu’on le considère, non comme un adulte en miniature, mais comme un enfant qui doit jouer et rêver et à qui il faut apporter sécurité, référence, amour et présence adulte attentive. L’école a, elle aussi, à jouer un rôle essentiel, même si ce n’est pas toujours facile, car trop souvent, elle refuse les enfants différents. L’élève précoce doit pouvoir trouver une méthodologie adaptée, qui le confronte aux autres enfants du même âge, mais qui lui garantit une prise en charge individualisée. L’auteur de cet ouvrage est inspecteur d’académie. Combien, on voudrait que ses propos ne restent pas au simple stade de la déclaration d’intention.


Dans le même numéro

Critiques de livres

Sous la direction de Jean-Pierre Guéno

Mémoire de maîtres, paroles d’élèves