N° 844 | Le 14 juin 2007 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Les nouvelles frontières de l’action sociale

Sous la direction de Jean-Yves Gueguen


éd. Dunod, 2007 (289 p. ; 30 €) | Commander ce livre

Thème : Aide sociale

Le rendez-vous annuel que nous donnent les éditions Dunod et Jean-Yves Guéguen est encore une fois réussi. Pas moins de trente contributeurs nous proposent une synthèse de grande qualité des évolutions en cours dans tous les secteurs de l’action sociale. L’occasion, pour le lecteur soucieux de connaître l’état des lieux sur la question du handicap, des personnes âgées, de l’enfance, de l’exclusion, des formations sociales ou de l’éthique, de pouvoir faire le point. Le constat qui est fait n’est guère optimiste.

Certes, une volonté de réforme s’est clairement manifestée, faisant de 2007, une année charnière. Mais, on ne peut que le remarquer, l’action sociale de ce début de millénaire est avant tout remarquable par la grande confusion qui y règne. La multiplication du nombre de décideurs et de financeurs et un ensemble de dispositifs en forme de millefeuille, ne présentant guère de cohérence interne, tel est le spectacle qui nous est offert ! Alors qu’on aurait pu attendre de l’acte 2 de la décentralisation une plus grande lisibilité du paysage institutionnel, il n’en a rien été.

En outre, alors même que depuis vingt ans, on a assisté à près de 70 % d’augmentation de l’effort financier consacré à la protection sociale, les situations de précarité et d’exclusion, loin de régresser n’ont fait que s’accroître. Le faible développement des solutions de logement stables et pérennes provoque l’engorgement de l’accueil d’urgence où s’abîment, année après année, des populations sans perspective d’en sortir. La mise en place de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie a permis de dispenser quelques quinze milliards en direction des établissements pour personnes âgées et handicapées et des départements afin d’abonder en partie aux différentes prestations (APA et ACP). Mais le choix de concentrer les crédits surtout à l’amélioration de l’existant plutôt qu’aux besoins nouveaux n’a guère préparé notre collectivité au tsunami gris qui va surgir dans la prochaine décennie.

Avec plus de 75 % d’augmentation de la population âgée de 75 ans et plus, la nécessité du financement des services de soins à domicile ainsi que des maisons d’accueil spécialisées va se faire criante sans que les autorités semblent s’y préparer vraiment. Si les conseil généraux ont su passer avec efficacité des 130 000 bénéficiaires de l’ancienne prestation spécifique dépendance aux 900 000 allocataires de l’allocation personnalisée à l’autonomie, il n’en va pas de même de l’administration centrale qui continue à vivre une situation de délabrement et de paupérisation : la Cour des comptes a calculé que la politique vieillesse se trouve affectée dans chaque DDASS de 3,2 postes équivalents temps plein ! Si on y ajoute une approche de plus en plus libérale tendant à rendre chacun responsable de son devenir, des nuages noirs ne cessent de s’accumuler.


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