N° 1324 | Le 4 octobre 2022 | Critiques de livres (accès libre)

La plus grande famille de France

Denis Peiron (sous la direction)


Éd. Bastidehugo, 2018, (208 p. – 18 €) | Commander ce livre

Thèmes : Protection de l’enfance, Usager

Un combat de plus de 60 ans

Pour son soixantième anniversaire, la Fédération nationale des associations départementales d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance (FNADEPAPE) publiait cette monographie qui ne se contente pas de reconstituer les étapes de la reconnaissance de son expertise et de ses combats, mais regorge aussi de témoignages, de récits et de cheminements. Ce recueil d’une grande richesse, habilement mis en musique par Denis Peiron, donne la parole aux experts, qu’ils soient anciens enfants placés ou spécialistes, pour traiter des différentes questions qui touchent au cœur des parcours de placement. «  Accepter vis-à-vis de l’extérieur ce que l’on est, cesser de s’apitoyer sur notre sort, de penser à notre passé en termes misérabilistes  » (p. 55), telles étaient les conditions qui ont permis à la Fédération de porter ses revendications sur la place publique. Tant que ses membres se sont limités à des rencontres amicales, leur action était vue avec bienveillance par l’administration. Ce fut bien différent, quand ils formulèrent des critiques sur les pratiques en cours et des propositions pour les amender. Même si les conditions matérielles des placements se sont grandement améliorées et que nombre d’adhérents considèrent comme une chance d’avoir été pris en charge par la puissance publique, reste le devenir des enfants placés qui constitue l’un des combats essentiels qui reste à gagner : «  il y a vingt ans on ne savait pas. Il y a dix ans, on savait et on essayait de prendre en compte les avancées de la recherche. Aujourd’hui on sait, mais on dit qu’on n’a pas le temps ni les moyens  » (p. 73). Plus que jamais la vigilance, la veille et la diligence d’une telle association s’avèrent nécessaires pour défendre les intérêts d’une population si souvent stigmatisée.

Jacques Trémintin


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