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■ ACTU - La France viole la convention des droits de l’enfant

La France, auditionnée par le comité des droits de l’enfant de l’ONU les 9 et 10 mai, devait répondre sur les solutions qu’elle compte apporter aux violations de la convention des droits de l’enfant. Unicef France, en tant qu’observateur, a remis deux rapports sur ces manquements et formulé des recommandations.

« Cette audition est un moment essentiel pour amener le gouvernement à un travail effectif, indique Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France. De la protection des mineurs non-accompagnés, à la lutte contre la précarité infantile ou encore à l’éducation de tous les enfants, il est urgent d’agir. »

Parmi les urgences il y a bien sûr l’hébergement-logement : 1559 enfants à la rue ou dans des abris de fortune étaient recensés le 20 mars 2023 par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui constate « une augmentation des enfants en famille dont la demande d’hébergement au 115 n’a pas été pourvue ».



1559 enfants à la rue ou dans des abris de fortune étaient recensés le 20 mars 2023 ©FIickr

Unicef France recommande de « se saisir du futur Pacte des Solidarités », attendu depuis plusieurs mois, « pour mettre en œuvre une politique ambitieuse de lutte contre la pauvreté et l’exclusion des enfants ».

Sur la santé mentale le bilan n’est guère plus reluisant. Alors que la pandémie de Covid 19 a fait « exploser les besoins d’accompagnement et de suivi psychique des enfants et adolescents », la réponse reste largement « insuffisante », et pas assez ciblée sur les jeunes. Unicef recommande « une stratégie nationale pour la santé mentale des enfants », avec une attention particulière sur les plus vulnérables.

2999 enfants enfermés

Cela implique de rendre les métiers de la pédopsychiatrie plus attractifs, et de « mettre en place des dispositifs de détection et de suivi par des médecins généralistes formés, des psychologues, et des infirmiers de pratique avancée », propose Unicef France.

Le droit à l’éducation n’est pas bien respecté en Guyane, où 10 000 enfants seraient non-scolarisés. Unicef recommande « la création d’un observatoire national de la non-scolarisation ».

La France doit également mettre un terme à la rétention administrative des enfants. Malgré de multiples condamnations par la Cour européenne des droits de l’Homme, « 2999 enfants ont encore été enfermés dans ces centres en 2022, dont 2905 à Mayotte ».

Le comité des droits de l’enfant de l’ONU rendra ses conclusions début juin. En attendant, Unicef France a adressé une lettre ouverte au président de la République, signée par 275 parlementaires, élus locaux et personnalités, pour « faire de la lutte contre la pauvreté des enfants une priorité ».

Mariette Kammerer


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