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L’habitat des personnes pauvres et mal-logées scruté par l’Onpes

Dans son état des lieux sur le mal-logement en France publié mercredi, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) montre, à rebours des idées reçues, que les ménages pauvres sont nombreux à vivre dans les grandes villes, dont Paris (47,9 %) tandis que les foyers plus aisés partent davantage vers les villes moyennes. Une situation due à l’attractivité liée à l’emploi, qui nécessite une réflexion de long terme : « faut-il accroître l’offre en zone tendue ou mieux répartir l’offre d’emplois ? », s’interroge l’Onpes.

Le lourd poids du loyer

Deuxième tendance lourde, la dépense consacrée au logement au regard du revenu a considérablement augmenté pour les foyers à bas revenus depuis 2006, passant de 34,3 % à 42,4 %. Face à ce constat, l’Onpes fait référence à la baisse des aides au logement, dont l’annonce avait provoqué un tollé l’été dernier : or l’évolution de leur montant, « en décalage avec celle des loyers, a conduit à ce que leur impact sur les dépenses de logement des ménages pauvres ne cesse de baisser ».
Aujourd’hui, « le risque est croissant, pour les plus précaires ou pour ceux dont les ressources sont irrégulières, de se trouver exclus du logement de droit commun » selon l’Onpes. Dès lors, les personnes n’ont d’autre solution que celle du « mal-logement » : hébergement chez un particulier, habitat mobile ou de fortune, ou la rue.

Écouter les personnes mal-logées

En s’intéressant à leur vécu, l’étude montre le « caractère paradoxal du mal-logement vécu dans ces conditions de marginalité d’abord contraintes puis consenties » et « les capacités de résistance psychique et les formes de sociabilité qui permettent aux personnes concernées de survivre à défaut de vivre décemment ».

Hors d’atteinte du travail social

Mieux prévenir les expulsions locatives, mieux organiser le retour vers le logement de droit commun des populations sans-domicile : c’est l’objet de la troisième partie de ce rapport très dense de 330 pages qui intéressera tous les professionnels qui travaillent dans le secteur du logement. « Certaines personnes non hébergées peuvent en permanence rester invisibles et hors d’atteinte du travail social », relève l’Onpes, qui invite les pouvoirs publics et les bailleurs à agir en amont pour éviter les expulsions locatives, à mieux gérer les situations d’urgence et à élaborer des solutions pérennes de logement. Une demande de longue date faite par les grandes associations du secteur.