N° 1269 | Le 17 mars 2020 | Critiques de livres (accès libre)

Jeunes en voie de radicalisation, mythes, réalités et travail éducatif

David Puaud et Stéphane Gonçalvès


Éd. Fabert, 2018, (57 p. – 12 €)

Thèmes : Violence, Travail social, Jeunesse

Ne pas se tromper de cible

Fruit de la rencontre avec douze groupes différents de professionnels, ce livre détaille la mécanique à l’œuvre auquel le travail social fait face : substitution de la problématique économique et sociale par la question raciale et religieuse. Sa démonstration implacable tient en trois points.
D’abord, ce n’est pas n’importe quel public qui est harponné par les idéologies intégristes. Les fragilités initiales qui plongent leurs racines dans la désaffiliation progressive, les ruptures affectives et les errances sociétales trouvent dans les groupes radicalisés un sentiment d’appartenance et de reconnaissance qui a tant fait défaut jusque-là.
Ensuite, la plupart des jeunes en voie de radicalisation passeront à autre chose, échappant à leur funeste pouvoir d’attraction dès lors où ils accèderont à une vie sociale et professionnelle où ils se sentiront intégrés.
Enfin, la société est en train de se priver du réseau de proximité qui est le mieux placé pour accompagner ces jeunes tentés de basculer dans l’extrémisme à franchir les gués leur permettant de se réaffilier. La prévention spécialisée se délite : soit parce qu’on la fait disparaître, soit parce que l’on ruine sa crédibilité en lui demandant d’endosser une mission qui lui est étrangère : la surveillance et la correction des déviances, par la détection, le repérage et le signalement des situations à risque de radicalisation.

Jacques Trémintin


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