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Hôpital psychiatrique de Rennes : une grève depuis 6 semaines

Depuis le 7 novembre, des membres du personnel de l’hôpital psychiatrique Guillaume Régnier de Rennes sont en grève. « Nous subissons de plein fouet les politiques d’austérité, explique Jacques Mény, secrétaire Sud santé pour l’établissement. Au-delà de l’épuisement professionnel des agents, c’est la qualité des soins qui est attaquée ». Manque d’agents pour assurer les soins en sécurité, chambres où il fait 15°C l’hiver, deux douches pour vingt personnes, des unités où les patients ne voient jamais la lumière du jour, des malades attendant huit heures sur une chaise pour avoir un lit, d’autres placés sous contention toute la nuit, usage quasi systématique de camisole chimique : les grévistes, du médecin à l’infirmière, déplorent le fonctionnement interne. Selon Sud santé, la direction a reçu en 2016 près de quatre signalements par jour d’événements liés à des dysfonctionnements.

La direction minimise

Les salariés en grève se relaient depuis six semaines dans un barnum planté au sein de l’établissement. Ils débraient quelques heures, une journée ou viennent en soutien pendant leurs RTT. La direction tempère le mouvement en signalant qu’il ne touche que 2% des salariés. Les assemblées générales hebdomadaires mobilisent toutefois jusqu’à 30% du personnel. « Ce mouvement survient au moment où nous opérons des modifications importantes notamment au niveau du développement du soin ambulatoire et de l’alternative à l’hospitalisation, explique Anaïs Jehanno, directrice de la communication. Le personnel s’interroge sur ces nouveautés qui représente 80% de nos activités ». Elle déplore une vision caricaturale de l’hôpital psychiatrique, tout en reconnaissant l’insalubrité d’un des bâtiments de cet établissement qui compte 802 lits et 20 chambres d’isolement.

Une situation généralisée

Selon elle, la difficulté repose notamment sur un budget annualisé qui ne prend pas en compte le nombre de patients, or l’hôpital rennais connaît une augmentation annuelle des consultations de 2% depuis 2012. « C’est au niveau des ministères et de l’Agence régionale de santé que ça doit bouger, souligne le syndicaliste. Nous avons rencontré des députés, François Ruffin de la France Insoumise et Barbara Pompili de La République en marche. La pression médiatique semble vouloir faire réagir la ministre de la Santé. Agnès Buzyn a assuré qu’elle comptait lancer un « plan psychiatrie » et un groupe de travail va se réunir en janvier ».

Après une rencontre avec les grévistes, l’ARS a annoncé le dégel de 532 000 euros. Mais l’enjeu est national et touche de nombreux hôpitaux. Des mouvements de grève semblables à celui de Rennes ont eu lieu ces derniers mois, notamment dans des hôpitaux psychiatriques d’Allonnes (Sarthe), Amiens (Somme), Bourges (Cher) et Cadillac (Gironde). À Rennes, les grévistes ont décidé du suspendre le mouvement pendant les fêtes, pour reprendre le 9 janvier.