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Homosexuel, Moussa risque d’être expulsé dans un État homophobe

Deux mois de prison ferme et deux ans d’interdiction de territoire, la condamnation de Fodé-Moussa Camara est tombée mardi 12 juin en fin d’après-midi. Son délit ? Il a refusé d’embarquer dans un avion qui devait le ramener dans son pays d’origine, la Guinée Conakry. Acrobate de cirque, il est arrivé en France en 2015 avec un visa de travail. Il a alors fait une demande d’asile, expliquant qu’en tant homosexuel il craignait pour sa vie. Soutenu par l’association Aides dont il est militant, il affirme avoir vu son compagnon être brulé vif par sa famille en raison de son orientation sexuelle. En Guinée, l’homosexualité est passible de trois ans de prison, mais son rejet par la population peut conduire à la mort. Sa demande d’asile a cependant été refusée en 2017 et en mars, le jeune homme de 28 ans a été arrêté et placé en centre de rétention à Nîmes suite à un contrôle d’identité.

Brûlé vif par sa famille

Dans un communiqué, Aides « exige la libération de Moussa et le réexamen de sa demande d’asile, et demande la protection de l’État pour toute personne gay, bi, lesbienne ou trans arrivant de pays notoirement homophobes et dangereux ». Malgré ses nombreux soutiens, notamment la maire de Paris Anne Hidalgo et le secrétaire général du PCF Pierre Laurent, le tribunal de Lyon, ville où il a refusé son embarquement, a décidé de l’incarcérer. « Notre militant Fodé Moussa Camara va donc rester en détention jusque début juillet. Il reste menacé d’expulsion dès sa sortie vers la Guinée où il risque la mort, » souligne Aides. Une demande d’annulation du jugement a été déposée par son avocate, Me Florence Alligier, car l’interprète présente pendant le procès ne parlait pas le Soussou, la langue de Moussa.

Cynisme et irresponsabilité

La Lesbian and Gay Pride de Lyon dénonce dans un communiqué une décision inhumaine. « Elle a été prise au cours d’une audience ahurissante et au mépris des droits les plus élémentaires de Fodé-Moussa Camara. En prononçant cette condamnation, l’État français témoigne de son refus d’appliquer en pratique la Convention de Genève de 1951, supposée garantir la protection des personnes face aux persécutions. »