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Hébergement à l’hôtel - Un an après, on n’est pas sorti de l’auberge

Le 3 février 2015, le gouvernement lançait son programme de résorption des nuitées hôtelières. En date du 2 février 2016, en Seine Saint Denis, 7 633 personnes étaient hébergées à l’hôtel. Coût : 128 000 euros pour la nuit.
L’objectif premier du gouvernement était de réduire de 10 000 le nombre de nuitées entre 2015 et 2017. Un programme approuvé de toutes parts, l’hôtel ne pouvant évidemment pas représenter un lieu de vie. D’autant qu’en 2014, le budget consacré aux 35 000 nuitées recensées sur l’ensemble du territoire national s’élevait à 209 millions d’euros.

Mais voilà : un an plus tard, cette politique semble encore loin d’être mise en œuvre dans les territoires. En Seine-Saint-Denis, en une année, 120 places alternatives pour des familles - essentiellement des femmes seules avec enfant - et 88 logements en Solibail ont été créées. A ce rythme, atteindre les objectifs fixés reste une douce chimère. Dans une enquête de janvier 2016 présentée lors de ses assises pour l’accès au logement des personnes sans abri, la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (FNARS) souligne que les trois quarts des 8700 places d’urgence créées entre 2013 et 2015 l’ont été à l’hôtel. Soit 6 450 nouvelles places, dont 84% à Paris et en Seine Saint Denis. Qui plus est, la plupart du temps, ces personnes ne bénéficient d’aucun suivi social.

"51 euros

pour une chambre pourrie"

Lors des assises de la FNARS, Michèle Attar, directrice générale du bailleur social Toit et joie s’était emportée : « Parmi toutes ces personnes, beaucoup ne pourront pas entrer dans le logement social parce qu’elles n’ont pas de papiers, ou pas les bons papiers, ou encore des ressources insuffisantes pour être éligible au logement social tel qu’il est conçu aujourd’hui, ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas modifier les choses ! ». Et de souligner l’absurdité des sommes dépensées en chambre d’hôtel : « Les prix sont invraisemblables : 17 euros par personne, c’est payer 51 euros pour une chambre pourrie de 9m2 où on place 3 personnes ! ».

Dans son pacte pour l’accès au logement des personnes sans abri, la FNARS propose l’adoption d’une loi de programmation pluriannuelle d’hébergements et de logements très sociaux fondée sur des diagnostics territoriaux des besoins. De surcroît, pour permettre que les personnes qui se trouvent dans pareilles situations sortent durablement de l’urgence, la Fnars demande l’inscription d’un Droit à l’accompagnement dans le Code de l’action sociale et des familles. Un suivi qui serait librement consenti.

Sur ce point, le département du Val d’Oise fait figure de modèle. Il a su mobiliser une équipe mobile de trois travailleurs sociaux, dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement mis en place en janvier 2014.
Ni plus ni moins qu’une question de volonté...