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Chronique d’actu • Balayer devant sa porte

Ils sont plusieurs milliers de migrants kurdes irakiens et syriens massés à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, cherchant à entrer en Europe. Bloqués par des murs de barbelés, ils se massent dans des camps de fortune et tentent, comme ils peuvent, de se réchauffer autour de feux improvisés, pour se protéger contre des températures proches de zéro.
A 2 000 kilomètres de là, ils sont entre 500 et 2000 migrants éparpillés près de Calais, cherchant à passer en Angleterre. La police française les harcèle quotidiennement (en moyenne près de trois interventions par jour) : expulsions et dispersion des lieux de regroupement, tentes et bâches lacérées, biens confisqués, effets personnels aspergés de gaz lacrymogènes, intimidations pour empêcher la distribution de nourriture par des bénévoles …
Les plus sceptiques contesteront une telle comparaison : « nos » migrants sont venus d’eux-mêmes, alors que ceux qui se massent à la frontière polonaise y ont été délibérément conduits depuis leur pays d’origine par les autorités biélorusses. Et puis, le dirigeant biélorusse est un dictateur, alors que le Président Macron qui décide de cette politique envers les migrants a été démocratiquement élu. Chacun pourra mesurer combien ces nuances sont essentielles pour les hommes, les femmes et les enfants victimes chaque jour du froid, de la faim qui subissent régulièrement les mesures d’intimidation policières ordonnées par le gouvernement français.
Alors qu’il est plus fréquent de s’émouvoir des drames qui surviennent dans notre proximité, le sort des migrants massés sur la frontière biélorusse semble bien plus intéresser que ceux qui nous sont si proches.
Il existe néanmoins des compatriotes qui ne restent pas les bras croisés. Rendons hommage à toutes celles et tous ceux qui se mobilisent avec courage et détermination, à titre individuel ou via leurs associations, pour apporter une réponse humaniste et solidaire à ces populations réduites à la pire des exclusions par nos gouvernants. Philippe Demeestère, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, un aumônier et deux militants, ont entamé une grève de la faim, si le premier a du s’arrêter au bout de vingt-cinq jours, les deux autres poursuivent leur grève depuis le 11 octobre. Leur action contribue à sauver le peu de ce qui reste de la réputation de notre pays qui se targue d’être la patrie des droits de l’homme."

Jacques Trémintin