N° 1042 | Le 8 décembre 2011 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Bien ensemble. Comment résoudre les problèmes relationnels

David Burns


éd. Belfond, 2010 (365 p. ; 18,50 €) | Commander ce livre

Thème : Relations

La thérapie cognitive a, dans notre pays, une réputation sulfureuse, largement construite par les psychanalystes. Convenons qu’elle confine parfois aux recettes de cuisine, simplifiant avec outrance la complexité du psychisme humain. Pour autant, dès lors où l’on considère chaque approche thérapeutique comme explorant à sa façon une facette de notre nature humaine, l’ouvrage de David Burns mérite d’être lu.

D’abord pour son analyse pertinente des ressorts expliquant pourquoi nous n’avons pas toujours envie de résoudre les conflits qui nous opposent aux autres. Parce que nous nous plaisons dans un rapport de pouvoir et de contrôle ; parce que nous nous enfermons dans la conviction d’être dans notre bon droit et de détenir la vérité ; parce que nous fuyons notre responsabilité en rejetant sur l’autre la cause de la confrontation ; parce que nous voulons donner libre court à notre amertume, notre colère ou notre envie de vengeance ; parce qu’il est si facile de chercher un bouc émissaire ; parce que nous rejetons cette honte qui pourrait perturber notre estime de soi…

Tant de raisons qui nous font rester intraitables. Mais David Burns nous éclaire tout autant sur les biais cognitifs qui troublent notre perception des relations humaines. Ce raisonnement qui nous fait fonctionner en tout ou rien. Cette tendance à surgénéraliser une tendance identifiée ponctuellement. Cette rapidité avec laquelle nous concluons à partir des premiers éléments venus à notre connaissance. Cette manie de disqualifier toute attitude positive chez celui que nous voulons dénigrer. Cette facilité avec laquelle nous privilégions nos émotions sur notre réflexion. Cette attitude qui étiquette l’autre, n’identifiant que ce qui le stigmatise. Cette sélection des seules dimensions qui vérifient ce à quoi on s’attendait.

Pas étonnant dès lors, poursuit David Burns, que nous nous enfermions si facilement dans le rôle de victime et que nous ignorions le point de vue de l’autre. Nous organisons la contre-attaque, la diversion ou le déni pour mieux camper sur nos positions dont la justesse ne fait à nos yeux aucun doute. Pour autant, l’auteur est persuadé que l’on peut sortir de cet enfermement : si nous reproduisons les difficultés communicationnelles dont nous sommes les premiers à nous plaindre, sans pour autant le reconnaître, nous avons toutes les ressources pour réagir.

David Burns nous propose sa méthodologie, à même d’organiser différemment la communication humaine : désarmer l’agressivité en identifiant la part de vérité qui est toujours comprise dans le propos adverse ; déployer une attitude empathique ; questionner l’autre pour mieux le comprendre ; exprimer avec honnêteté son ressenti ; faire preuve de bienveillance. Constatons-le : c’est ce que bien des travailleurs sociaux font déjà.


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