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■ ACTU - Protection de l’enfance en Seine-Saint-Denis, des discours et des actes

En 2023, la Seine-Saint-Denis se lance dans l’élaboration de son nouveau schéma de prévention et de protection de l’enfance pour guider ses actions jusqu’en 2027. Lancée le 12 janvier, l’élaboration de ce plan de route se déroule en co-construction avec les acteurs de terrain : l’aide sociale à l’enfance du département, les associations, les partenaires institutionnels et… les premiers concernés. En effet, le précédent schéma préconisait la création d’un Conseil des jeunes de la protection de l’enfance. Créé le 19 novembre 2022, il réunit une quarantaine d’anciens et d’actuels enfants placés, âgés de 6 à 25 ans.



Le droit de jouer et d’avoir des loisirs est inscrit dans la Convention international des droits de l’enfant. ©Bibliothèque nationale de France/Maxppp
Avec le concours de l’Observatoire départemental de la protection de l’enfance, ils vont pouvoir porter leur parole d’« experts d’usage » au fil de cinq rencontres d’ici mai 2023. Ça tombe bien puisque l’un des enjeux majeurs de ce nouveau schéma vise à améliorer leur accompagnement à tous les niveaux : accès au sport, à la culture et au loisir, relations amicales, amoureuses ou sexuelles, autonomisation, formation, maintien du lien à l’issue de la prise en charge… Le 93 affirme donc une volonté de respecter les droits des enfants tels qu’inscrits dans la Convention internationale dont la France est signataire. Leurs travaux seront présentés en juin 2023 et devraient nourrir le schéma soumis au vote de l’assemblée départementale en octobre 2023.

Co-construction et contradiction ?

Éducateur de rue dans l’une des neuf associations de prévention spécialisée du département, Laurent (1) salue cette volonté de co-construire une politique de protection de l’enfance. Dans son domaine, il repère néanmoins une distorsion entre la communication et les actes. « La prévention spécialisée dépend des départements dans le cadre de la protection de l’enfance et nous essayons de conserver notre indépendance vis à vis des pouvoirs locaux. Moins les mairies nous financent mieux on se porte, car généralement, elles n’ont pas les mêmes priorités que nous et remettent en question nos principes de libre adhésion, d’anonymat... Or depuis quelques années, tout en affichant son soutien à la prévention spécialisée, le Conseil général élabore des conventions tripartites où les mairies doivent financer, à minima, 10% des associations de préventions spécialisées qui interviennent auprès de leurs jeunes. Si ces nouvelles conventions passent, ça va créer des inégalités entre les territoires. » Un sujet un peu technique pour le conseil des enfants et pourtant essentiel pour agir en amont des placements.

Myriam Léon

1 : le prénom a été changé


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