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39-45 : Hommage national aux victimes handicapées ou malades

Après des années de militance, les victimes civiles, handicapées ou malades de la Seconde guerre mondiale ont enfin droit à un hommage de la nation. La cérémonie se déroulera demain à Paris, sur l’esplanade des Droits de l’Homme au Trocadéro. La dalle apposée mentionnera le nombre de victimes civiles, 300 000, dont 45 000 « fragilisées par la maladie mentale ou le handicap et gravement négligées, sont mortes de dénutrition dans les établissements qui les accueillaient ».

C’est l’aboutissement d’un appel national lancé en novembre 2013 par le professeur lyonnais Charles Gardou, relayé par Lien social, et au travail mené par le Mouvement pour une société inclusive. « Hormis quelques recherches historiques, accompagnées d’incessantes polémiques, les présidents de la République successifs n’ont jamais posé d’acte pour reconnaître la mémoire de ces victimes du délaissement, qui ont perdu la vie dans des conditions sanitaires désastreuses, faute de nourriture et de soins », rappelle Charles Gardou. Signée par près de 90 000 personnes, dont de nombreuses personnalités, la pétition attira assez tôt l’oreille bienveillante de l’Elysée. Restait à trouver une date propice, ce qui fut complexe en raison des attentats de l’année 2015.

Mémoire et pédagogie

Ce sera aussi un grand jour pour les travailleurs de l’Esat géré par l’association L’Essor de Falaise et les élèves du lycée professionnel Guibray, qui ont travaillé toute l’année ensemble pour mieux se découvrir. Ateliers d’histoire autour de ce pan souvent ignoré de la guerre, visites au Mémorial de Caen, échanges portant sur les représentations autour du handicap : toutes ces rencontres ont donné lieu au film Partage d’Histoires de Guillaume Montmorency. Diffusé lors d’un colloque autour des populations vulnérables parmi les victimes civiles à Falaise en mai 2016, puis lors de la Conférence nationale du handicap en présence de François Hollande, il est devenu un outil de sensibilisation en faveur de l’inclusion dont peuvent s’emparer tous les professeurs d’histoire.

Ces travailleurs et ces élèves seront au Trocadéro demain pour y lire des textes lors de la cérémonie d’hommage. Un événement rare, qu’ils préparent depuis dix jours. Si la pose de la dalle constitue pour le Mouvement pour une société inclusive « une reconnaissance et une prise de conscience collective de ce qu’ont vécu les plus fragiles », cette prise de la parole l’est tout autant.