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► LE BILLET de Jacques • Réflexions ardentes sur un mois d’août incandescent

2 août. L’opinion s’enflamme sur le sort du Beluga perdu dans la Seine. Les services de secours mettront tout en œuvre pour le sauver. En vain. Deux jours plus tard, le 4 août, quarante femmes et autant d’enfants, encore bébés pour certains et d’autres régulièrement scolarisés, se retrouvent à la rue à Bagnolet, sans accès au moindre point d’eau ni toilettes publiques, après avoir été évacués par la préfecture du gymnase Jean-Reneault, un temps réquisitionné.
Conseil : et si nous organisions massivement la migration des cétacés dans notre belle République sociale, puisqu’ils ont manifestement droit à plus d’égards que les êtres humains qui franchissent nos frontières ?

4 août. La toile s’embrase contre Amnesty international : après avoir accumulé trente enquêtes, en près de six mois, pour dénoncer les crimes de guerre de l’armée Russe, l’association accuse des tactiques militaires de l’armée ukrainienne mettant en péril des civils. Comment, ces forces armées ne seraient donc pas des chantres de vertu ? Étonnant ! Que celles de l’ennemi soient par essence perfides, soit ! Mais, quand même, pas celles qui sont du bon côté, celui des agressés … Incroyable ! Chacun connaît l’injonction de tous les engagements prosélytes : « si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi »… En 1914, les mêmes partis sociaux-démocrates qui en appelaient à la grève générale contre un éventuel déclenchement de la guerre, réalisèrent l’union sacrée, lorsque celle-ci éclata. En soutenant leur patrie, ils deviendront complices de la boucherie qui fera 20 millions de morts.
Proposition : et si nous faisions passer définitivement le nationalisme patriotique et partisan avant le principe universel de la défense des droits humains où que ceux-ci soient bafoués et quels que ce soient les protagonistes qui les foulent au pied ?

10 août. Après une accalmie passagère, les bois de notre pays prennent feu, contraignant à faire appel aux pompiers étrangers. Dès lors, plus que jamais il est essentiel de supprimer à nouveau 500 postes, après les 5 000 déjà disparus depuis vingt ans, dans l’administration des eaux et forêt, celle-là même qui entretient et protège nos massifs forestiers. Rien ne doit arrêter la volonté inébranlable de notre gouvernement de réduire le train de vie de l’État.
Suggestion : et si l’on faisait appel au secteur privé en concoctant un de ces appels à projet, dont nos gouvernants ont le secret, pour que le marché réponde aux besoins de prévention incendie, comme il le fait si bien d’habitude dans tous les secteurs du service public qui lui ont été livrés jusqu’à présent ?

15 août. Cela fait un an que les supplétifs de l’armée française en Afghanistan se consument, planqués dans leurs refuges, depuis maintenant plus d’un an. S’ils sont découverts par les Talibans, ils seront massacrés. Tout comme les Harkis aux lendemains de l’indépendance de l’Algérie, ils sont abandonnés par le pays qu’ils avaient servi. En 2021, le Président Macron avait demandé pardon pour ces 60 000 algériens exécutés. Cet épisode infâmant n’a manifestement pas fait sens, puisqu’il recommence.
Recommandation : et si nous attendions les années 2090 pour que la répétition de ce déshonneur fasse là aussi l’objet de sincères regrets et de propositions de réparation ?

18 août. Après le feu, l’eau ! Ouragan sur la Corse. Gérald Darmanin ordonne une enquête : Météo France aurait-elle failli ? Outre la prétention bien présomptueuse de toujours réussir à contrôler la nature, il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour trouver une explication possible. En 2011, 115 implantations locales et en 2012, 3 345 personnels, contre respectivement 39 et 2 736 aujourd’hui. L’État peut s’enorgueillir d’avoir réduit le budget de 20 % (soit 37 millions).
Résolution : et si l’on inscrivait dans la constitution un principe s’imposant dorénavant à tout service public : faire toujours plus avec moins de moyens ?

Faut-il condamner l’obscénité d’un État poussant à la rue des femmes et des enfants ; blâmer les adeptes de la censure de l’information, quand celle-ci met en cause le « bon camp » ; dénoncer les contempteurs de la rigueur budgétaire, biberonnés aux diktats européens des 3% de déficit ; incriminer le cynisme de ceux qui abandonnent les civils qui les ont aidés ; vilipender les politiques qui démantèlent les services publics ? À chacun(e) d’en décider !