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■ ACTU - Ségur : En marche à petits pas

À chaque nouvelle annonce, l’impression est que cette fois c’est bon, le Ségur de la santé n’oublie plus personne. Mais non. Publiés vendredi 29 avril, les six derniers décrets liés à la « revalorisation des métiers de l’accompagnement social et médico-social » n’encadrent que la filière socio-éducative de la fonction publique (territoriale, hospitalière et État). Les travailleurs sociaux du secteur privé non-lucratif devront encore attendre cette augmentation de 183 euros. Elle avait pourtant été annoncée en grande pompe à l’issue de la conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social, le 18 février.



Le 7 décembre 2021, la mobilisation nationale pour des conditions de travail et d’accueil dignes, portée également sur la revalorisation des salaires. ©Myriam Léon
Dès le mois prochain, la prime Ségur viendra donc grossir les salaires des agents contractuels et titulaires « exerçant à titre principal des fonctions socio-éducatives » dans de la fonction publique hospitalière ou d’État. Pour ces catégories de professionnels, l’augmentation prendra effet à partir de 1er avril. Pour les agents territoriaux, le gouvernement désigne les agents susceptibles de la toucher, mais laisse aux territoires le choix de la verser… ou pas. La règle au cas par cas continue donc à semer la confusion entre des professionnels qui exercent les mêmes métiers.

Le cas par cas sème la confusion

Exclus de ces décrets, la branche associative du social et du médico-social a, de son côté, pris connaissance de la liste de professionnels éligibles à cette prime et s’en inquiète. Dans un courrier daté du 26 avril, le président de l’Uniopss, organisme représentant les acteurs du privé non lucratif, Patrick Doutreligne alerte le Premier ministre sur cette sélection qui «  fait naître un doute sur les salariés concernés et laisse toujours de côté certains professionnels. » Il conclue en rappelant la crise du recrutement : «  Il est vital pour les associations que soient revalorisés les salaires non pas en fonction du poste ou des compétences, mais bien du milieu dans lequel on travaille, parce qu’il impacte tous les employés sans distinction. »

Quand de nombreux établissements peinent à recruter, cette prime Ségur exacerbe les tensions entre établissements. Après avoir divisé le sanitaire et le social, elle génère une concurrence limite déloyale entre le médico-social du service public et celui en délégation de service public. En effet, sa généralisation dans le secteur privé non lucratif reste conditionnée à la création d’une convention collective unique (1). Un sujet explosif qui fait déjà l’objet d’un appel à mobilisation nationale le 31 mai et le 1er juin « contre la casse des conventions collectives et pour un social émancipateur ! ». Ça changera des rassemblements des oubliés du Ségur.

Myriam Léon

(1 ) Conventions collectives : Les acquis sociaux menacés