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■ ACTU - Sages-femmes de PMI : la cinquième roue du département

Le 1er mars, les sages-femmes de PMI du Nord se mobilisaient pour dénoncer l’invisibilisation de leur profession et demander au Département des moyens supplémentaires pour répondre à leurs missions toujours plus étendues.

« Il nous a écoutées, mais nous a-t-il entendues ?  », lance en cœur la délégation de sages-femmes, tout juste sorties d’une entrevue avec la direction des ressources humaines du Département. Pancartes à la main, le reste de l’assemblée mobilisée reste sceptique. Promulguée le 8 février dernier, la loi relative à la protection des enfants prévoit un renforcement des services de PMI notamment par l’instauration d’un « entretien systématique autour de la cinquième semaine après l’accouchement ». Pour Anne, sage-femme en PMI depuis sept ans, les moyens pour répondre à ces nouvelles missions sont insuffisants : « On nous demande de faire toujours plus. Ils nous parlent de six postes supplémentaires mais c’est loin d’être suffisant. Il y a de plus en plus d’arrêts maladie et de départs non remplacés. »



Mobilisation des sages-femmes de PMI du Nord le 1er mars 2022. ©Jérémie-Rochas
Au-delà de l’accouchement

Les sages-femmes de la fonction publique territoriale ont été particulièrement mobilisées pendant la pandémie de Covid, elles auront pourtant dû attendre février 2022 pour obtenir la prime Ségur de 183 euros déjà attribuée à leurs consœurs de la fonction publique hospitalière. Malgré cette valorisation, l’écart de revenu reste de 430 euros chaque mois, à formation et compétences égales. Dans une lettre du 10 septembre, le président du Département du Nord justifiait ces inégalités : «  les sages-femmes territoriales ne réalisent pas certains actes (…) comme les accouchements ». La CGT Personnels du Département du Nord dénonce cette tendance à « réduire le métier à l’accouchement  », au mépris de l’accompagnement pré et post-natal. Pour Paul Heems, le secrétaire général : « les sage-femmes de PMI ne représentent que 8 % de la profession alors elles sont rendues invisibles ».
Avec un niveau d’étude étendu à BAC+6, les salaires des sages-femmes restent faibles et bien inférieurs à ceux de métiers occupés principalement par des hommes salariés du Département. Pour exemple une sage-femme débutante perçoit un salaire mensuel brut de 2 085 euros contre 2 430 pour un ingénieur débutant. «  Des femmes qui travaillent avec des femmes précaires, ça n’intéresse pas », résume Anne. Dans toute la France, les sages-femmes de PMI s’organisent collectivement pour être entendues par le gouvernement. Ces revendications ont été transmises le 10 février dans une lettre ouverte envoyée à la ministre de la Transformation et de la fonction publiqueet signée par 882 sages-femmes sur 1140 que compte la fonction publique territoriale.

Jérémie Rochas