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■ ACTU - Pauvreté • L’alerte du Secours catholique

Dix millions de pauvres avant la fin de l’année ? Cette prévision funeste vient de la présidente du Secours catholique, Véronique Fayet, interrogée par le Parisien, alors que l’association publie aujourd’hui son rapport annuel. Elle alerte sur une explosion de la pauvreté.

En 2019, le Secours catholique a accueilli 1,4 millions de personnes dans ses permanences, près de la moitié sont étrangères dont 60% sans papier ou en situation administrative précaire. Leur niveau de vie médian s’élève à 537 euros, très loin du seuil de pauvreté estimé à 1063 euros en 2018 et encore plus loin du niveau de vie médian de l’ensemble de la population fixé à 1771 euros.

Source : Rapport du Secours catholique 2020

Le revenu disponible des ménages par mois, une fois les dépenses fixes assurées, s’élève en moyenne à 321 euros par mois pour couvrir les frais de vie courante, alimentation, transport, santé ou habillement. Pour la moitié des ménages rencontrés, l’estimation du reste à vivre s’échelonne entre 2 et 9 euros par jour et par personne. « Avec des budgets aussi serrés et en dessous des minima pour vivre décemment, les personnes que rencontre le Secours catholique sont quotidiennement contraintes à des choix et arbitrages impossibles : payer la cantine ou le loyer ? Se nourrir ou s’habiller ? », souligne le rapport. Et ajoute : quatre ménages sur 10 ne peuvent couvrir leurs dépenses alimentaires quotidiennes.

Source : Rapport du Secours catholique 2020

L’association plaide pour l’instauration d’un revenu minimum garanti sans contreparties, accessible aux jeunes dès 18 ans, de 893 euros, « suffisant pour permettre de vivre une existence sans privation majeure et de sortir la tête hors de l’eau ». Ce « revenu socle » devrait être accessible aux étrangers dès l’obtention de leur titre de séjour alors qu’ils doivent actuellement attendre d’avoir cinq ans de titre de séjour pour pouvoir y accéder.

Thomas Piketty, appelé à donner son analyse sur les constats de l’association, note : « Le niveau d’inégalités qu’on a actuellement en France n’est pas utile à l’économie. Au contraire, on empêche toute une partie de la population de participer à la vie économique, sociale, civique, politique. C’est un énorme gâchis, à tous points de vue ». Une « bombe à retardement », selon lui, que la crise sanitaire actuelle vient nourrir un peu plus.