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■ ACTU - Pauvreté • L’alerte du CESE

Le 10 décembre, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) alerte sur « le risque de crise humanitaire en France ». Dans sa déclaration, l’institution s’alarme de la bascule dans la précarité d’un million de personne en raison de la crise sanitaire. Elles viennent s’ajouter aux neuf millions de personnes pauvres que comptent déjà la France. « Il n’est pas normal, pas compréhensible, pas tolérable que la misère progresse dans l’un des pays les plus riches du monde, s’indigne Martine Vignau, présidente de la commission temporaire « Grande pauvreté » du CESE. Les alarmes retentissent et doivent être entendues, avant que ne déferle, dès les premiers mois de 2021, une crise humanitaire sans précédent. » La troisième assemblée de la République, après l’Assemblée nationale et le Sénat, relaie la parole des organismes de terrain afin d’alerter le gouvernement.

Explosion de l’aide alimentaire

Déjà en avril, suite au premier confinement, une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) indiquait que 6% des actifs auraient perdu l’ensemble de leurs revenus. Pour deux tiers des artisans et des commerçants, la moitié des ouvriers et le tiers des employés, ils avaient baissé. Cette baisse de revenus impactait plus de la moitié des ménages en situation de pauvreté. En novembre lors de l’ouverture du Comité national de lutte contre la précarité alimentaire, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Veran, reconnaissait que 8,8 millions de personnes dépendaient de l’aide alimentaire en 2020 contre 5,5 millions en 2018. Les associations témoignent unanimement être débordées, humainement et financièrement, par l’ampleur des nouveaux besoins.

Mesures urgentes

Le CESE, assemblée consultative destinée à influer sur le gouvernement et le parlement dans l’élaboration des lois et des politiques publiques, préconise donc des mesures d’urgences et des actions structurelles de lutte contre la misère. En premier lieu, pour éviter que des millions de personnes fragilisées viennent grossir les rangs des mal-logés, elle recommande : un moratoire sur le paiement des loyers et des remboursements de prêts immobiliers des personnes en situation de vulnérabilité, l’interdiction des expulsions pour non-paiement de loyer jusqu’en octobre 2021, des aides exceptionnelles versées par la Caisse des allocations familiales et la sécurité sociale agricole (MSA), l’ouverture aux dispositifs Visale et FSL en cours de bail, l’instauration d’une période de transition avant de couper ou réduire les allocations logement. Une politique de prévention attendue de longue date par les militants de la lutte contre le mal-logement.

Enfin, il préconise l’instauration d’un « revenu minimum social garanti » accessible dès 18 ans sous certaines conditions. « Un principe simple devrait être retenu pour en fixer le montant : personne en France ne devrait vivre avec moins de 50% du revenu médian », soit 885 euros. Là encore, le CESE rejoint les demandes répétées des associations de lutte contre la pauvreté.