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■ ACTU - Mal-logement • La vague d’après Covid
- Source : 6ème rapport sur le mal-logement en Europe.
En Europe, 4% des personnes déclarent avoir été sans abri une fois dans leur vie. Le 6ème regard sur le mal-logement en Europe, publié par la Fondation Abbé Pierre et la fédération européenne des associations nationales travaillant sur le sans-abrisme (FEANTSA), pointe l’absence de toute visibilité sur cette situation. Il n’existe pas de données précises au niveau européen. « C’est un scandale sans nom », tranche Freek Spinnewijn, directeur de la FEANTSA. Il propose de prendre le modèle parisien pour mettre en place dans les grandes capitales européennes un comptage sur une nuit des personnes sans abri afin d’avoir au moins une estimation de la situation.
Explosion du nombre de personnes à la rue
Le rapport alerte : « Le nombre de sans-abri, vivant dans des conditions de vie indignes et contraires aux droits humains les plus fondamentaux, a atteint des niveaux inégalés dans de nombreuses villes européennes, témoignant de la saturation des systèmes d’hébergement dans toute l’Europe ». La pandémie n’a fait que renforcer cette réalité et les dispositifs d’urgence sont en constante augmentation. A Dublin et en Irlande, leurs budgets avaient déjà triplé entre 2014 et 2018. En France entre 2019 et 2020, le budget de l’urgence a augmenté de 200%. Signe d’une politique à courte vue qui s’attaque peu aux racines du problème. Et « quid de la fin des mesures liées à la pandémie si aucune mesure politique n’est prise, alors de plus en plus de gens vont demander de l’aide à un système d’urgence déjà dépassé, cela devrait déboucher sur une augmentation du nombre de personnes sans abri à la rue », décrypte Chloé Serme-Morin de la FEANTSA. Le rapport préconise, entre autres, le développement de la politique du Logement d’abord qui semble faire ses preuves là où elle est mise en place.
Impayés de loyers en hausse
« Les signaux d’alerte sont au rouge concernant les impayés de loyer », note le rapport qui craint une vague d’expulsions dans les mois à venir. En Angleterre, entre mars et aout 2020, 5% des locataires du marché privé se sont retrouvés en situation d’impayés. La Fondation Abbé Pierre appelle à « anticiper la fin de la crise sanitaire et des mesures exceptionnelles prises pour protéger les plus démunis, afin de ne pas créer une nouvelle vague de personnes sans domicile dans les années à venir ». Il prône « zéro remise à la rue post-covid », un encadrement des loyers dans les grandes villes et la prévention des expulsions locatives.
Ce 6ème rapport se penche plus particulièrement sur la situation des jeunes européens, « en première ligne face à la crise sanitaire ». En France, depuis le début de la crise sanitaire, 20% des jeunes de 18 à 24 ans ont eu recours à l’aide alimentaire et 35% craignent de ne plus pouvoir faire face à leurs dépenses de logement en 2021. Déjà avant la pandémie, ils étaient les plus touchés par le mal-logement. Beaucoup ne parviennent pas à quitter le logement familial ou bien paient des loyers particulièrement chers ou encore vivent dans des logements de mauvaise qualité où ils subissent la précarité énergétique, le surpeuplement… « Si aucune politique préventive spécifiquement axée sur la grande exclusion des jeunes n’est mise en place rapidement dans l’Union européenne, une nouvelle cohorte de jeunes sans ressources viendra grossir les rangs des personnes sans domicile », met en garde le rapport. Il propose de garantir un revenu minimum aux jeunes, compte tenu de la crise mais également pour faciliter leur autonomie.
Tous ces signaux marquent une situation extrêmement préoccupante. « Nous sommes à un stade critique, souligne Sarah Coupechoux de la Fondation Abbé Pierre. Si nous ne voulons pas faire face à une vague immense de pauvreté, il faut une réponse rapide, forte et ambitieuse ».
Marianne Langlet