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■ ACTU - La prison ne peut faire face au confinement

Dans un communiqué commun, l’Association des avocats pour la défense des droits des détenus, l’Association nationale des juges de l’application des peines, l’Observatoire international des prisons-section française, le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature s’inquiètent de la situation dans les prisons.

La France vient d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour les conditions de détention indignes qu’elle impose à ses détenus : 144 établissements pénitentiaires ou quartiers sont en situation de suroccupation. Les personnes incarcérées y vivent à 2, 3 voire 4 dans des cellules exiguës, quand ils ne sont pas dans des dortoirs de 6 ou 8.

Difficile à l’extérieur, le confinement imposé par la pandémie du Coronavirus y est presque impossible. A la promiscuité en cellule s’ajoute la multiplication des contacts à l’occasion des promenades ou des douches collectives. Si l’épidémie devait se diffuser en détention, les unités sanitaires des établissements pénitentiaires, déjà surchargées et en sous-effectif, ne seraient pas prêtes à faire face à un afflux massif de malades.

La situation déjà difficile risque de s’aggraver encore et de devenir explosive, suite à la suppression des cours, ateliers, interventions, formations et surtout parloirs, les rares facteurs d’apaisement en détention qui apportent un peu de respiration et de possibilité de sortir des cellules. Seules les promenades ont été maintenues.

Pourtant, des solutions existent. Charline Becker, coordinatrice de l’Observatoire international des prisons pour le Sud-Est les énumère « il est possible de suspendre les comparutions immédiates qui sont sept huit fois plus pourvoyeuses d’incarcération que les procédures de jugement ordinaires, mais aussi d’éviter les détentions provisoires quand il y a décision de report, en privilégiant les contrôles judiciaires.
Quand il y a jugement, on peut aussi multiplier les mesures alternatives à la prison. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit, notamment pour les placements sous surveillance électronique, du fait de la carence d’agents capables de gérer la mise sous bracelet. Chaque juridiction fonctionnant de manière autonome, chaque parquet et tribunal réagit de manière dispersée
 ».

Pour ce qui est des équipements de protection, Charline Becker déplore qu’aucun des 100 000 masques que l’administration pénitentiaire affirme vouloir mettre à disposition de son personnel ne soient proposés aux détenus, pas plus d’ailleurs que les solutions hydroalcooliques interdits en détention. Elle en appelle « à un geste fort qui pourrait se concrétiser sous forme de gratuité des communications téléphoniques passées depuis la détention qui sont actuellement beaucoup plus couteuses qu’à l’extérieur.  »

Voilà des propositions simples et pas chères qui qui pourraient tenter de prévenir les risques des mutineries qui ont éclaté en Italie dans vingt-sept prisons, entraînant la mort de 12 détenus et laissant 40 surveillants blessés.