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■ ACTU - Handicap : une meilleure accessibilité téléphonique d’ici 2024

Pour faciliter les communications pour les personnes sourdes, malentendantes, sourdaveugles et aphasiques, le gouvernement souhaite réformer le système actuel d’accessibilité téléphonique.

Prendre un téléphone, composer un numéro et échanger avec son interlocuteur. Pour la grande majorité des Français, ces gestes sont anodins. Pour les personnes sourdes, malentendantes, sourdaveugles ou aphasiques (qui présentent des troubles du langage), tout est évidemment plus complexe, voire impossible.
Des solutions techniques existent aujourd’hui, mais trop multiples et nébuleuses. Elles obligent les usagers à naviguer entre différentes portes d’entrée selon l’interlocuteur à joindre. Et malgré des obligations légales, l’accessibilité de certaines administrations ou entreprises reste problématique.

Une solution universelle

Face à ces constats, le gouvernement a annoncé, suite au Comité interministériel du handicap du 3 février, la mise en place « d’une solution universelle de l’accessibilité téléphonique à l’horizon 2024  ». Elle doit permettre de pouvoir appeler ou recevoir des appels quel que soit l’interlocuteur (services publics, entreprises, etc.), « grâce à une interprétation en direct en langue des signes française ou en langage parlé complété, ou encore à une transcription texte », indiquent, dans un communiqué commun, Amélie de Montchalin, Sophie Cluzel et Cédric O, respectivement ministre de la Transformation et de la fonction publiques, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, et secrétaire d’État chargé de la Transition numérique.
Le choix a été fait par le gouvernement de la mise en place d’un marché concurrentiel de l’accessibilité téléphonique. Autrement dit, les utilisateurs pourront choisir entre différents fournisseurs de services d’accessibilité. Ces solutions se présenteraient sous la forme d’applications mobiles ou de sites internet gratuits. L’exécutif suit en cela les recommandations d’un rapport rédigé par Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif pour les personnes handicapées (CNCPH) et Anthony Colombani, directeur RSE, affaires publiques et communication de Bouygues Telecom.



En 2030 en France, 965 000 personnes pourraient avoir besoin d’un dispositif d’accessibilité téléphonique.
Photographie © SHVETS Production - Pexels


Former des interprètes

Le Conseil national de la Fédération nationale des Sourds de France se dit « plutôt satisfait  » de cette annonce. « La simplification du dispositif en passant à un seul parcours pour l’utilisateur sourd nous permettra un vrai gain de temps et aussi d’être à égalité avec les entendants sans contrainte », poursuit l’association. Réaction similaire de Philippe Racaud, président de l’Association nationale pour les personnes SourdAveugles (ANPSA) : « Avoir une solution universelle, c’était notre principale exigence  ».
Mais ces associations insistent : elles seront vigilantes sur sa mise en œuvre. « Il faudra sensibiliser à l’utilisation de ce dispositif car pour une personne sourdaveugle rien qu’installer une application n’est pas évident  », indique ainsi Philippe Racaud. Surtout, toutes deux soulignent l’urgente nécessité de former des interprètes. « Il y a un réel besoin de communication de la part de la communauté Sourde et peu d’interprètes diplômés pour répondre à ce besoin  », souligne la FNSF. Elles attendent donc aussi beaucoup du « plan métier  » annoncé en parallèle par le gouvernement afin de satisfaire les besoins en matière d’interprétariat.

Thomas Sévignon