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■ ACTU - Halte soin addiction, l’État lâche Marseille

En France, la troisième halte soin addiction (HAS), plus communément appelé « salle de shoot », n’ouvrira pas ses portes au premier trimestre 2024 à Marseille. L’État n’a finalement pas validé son ouverture dans le centre ville.

Pour les porteurs du projet, tous les feux étaient pourtant au vert. Après des années de refus des élus municipaux, la nouvelle majorité avait inscrit dans son programme la création d’une HAS.

Un comité de pilotage réunissant l’ensemble des associations concernées, l’agence régionale de santé, la préfecture, le procureur, la mairie avait fini par identifier un espace adéquat pour installer le dispositif dans le centre ville. Il ne manquait plus que l’aval de l’État.



Le changement de ministre de la santé a été fatale au projet de salle de consommation à moindre risque qui devait ouvrir début 2024 après des décennie de négociations. ©Myriam Léon

Anciennement appelé salle de consommation à moindre risque, ces structures de réduction des risques permettent aux usagers de drogues de les consommer dans des conditions plus sûres, par injection ou par inhalation.

80 HAS en Europe dont 2 en France

Elles sont aujourd’hui largement présentes en Europe – certaines depuis plus de 30 ans – avec plus de quatre-vingt salles réparties dans neuf pays. En France, il en existe deux depuis 2016, l’une à Paris, l’autre à Strasbourg.

Dans un rapport de l’Inserm publié en mai 2021, l’évaluation de ces deux salles encadrées par des professionnels de santé (infirmier, médecin) et de l’accompagnement social a permi de mesurer l’impact de ces dispositifs sur les usagers et sur l’environnement.

Évités des coûts médicaux

L’accès à ces structures permet d’améliorer la santé de ces personnes (baisse des infections au VIH et au virus de l’hépatite C, des complications cutanées dues aux injections, des overdoses et une baisse des délits commis par les usagers qui les fréquentent), ainsi que de diminuer les passages aux urgences. Des coûts médicaux importants sont ainsi évités.

Les injections et le nombre de seringues abandonnées dans l’espace public diminuent. L’évaluation ne met pas en évidence de détérioration de la tranquillité publique liée à l’implantation des salles.

Qu’à cela ne tienne des riverains, habitants, commerçants, et l’opposition politique ont eu gain de cause. Si une HSA voit le jour à Marseille, ce ne sera pas en bas de chez eux.

En revanche, les usagers de drogues les plus précaires continueront d’injecter à ciel ouvert dans des conditions d’hygiènes déplorables à quelque pas de chez eux.

Myriam Léon

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