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■ ACTU - Gouvernement Attal : Où est le ministre du logement ?

Le 11 janvier, le nouveau Premier ministre a présenté son gouvernement. Si Catherine Vautrin se retrouve à la tête d’un triple ministère : Travail, Santé et Solidarités, celui du logement n’a pas été attribué. Les acteurs du social et de la solidarité s’en inquiètent.

« C’est inexplicable », s’indigne Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, face à l’absence d’annonce d’un ministère du logement de plein exercice et d’un ministère de la Ville. Et de rappeler que des enfants, des femmes et des hommes dorment à la rue.

Début janvier, 5 600 personnes – avec 1 200 enfants - ont appelé le 115 sans recevoir de solution d’hébergement, le dispositif d’urgence étant saturé malgré la mise en place de dispositifs et une augmentation du nombre de places d’accueil d’urgence. « C’est insupportable, on ne peut pas accepter ça. »


Début janvier, 5 600 personnes ont appelé le 115 sans recevoir de solution d’hébergement. ©DR

Il est probable que le Premier ministre nomme un ministre délégué ou un secrétaire d’État au logement dans les jours ou les semaines qui viennent, mais pendant ce temps les choses n’avancent pas. Les sujets sont pourtant là. « Nous appelons par exemple à la mise en place de cellules d’urgence pilotées par les préfets pour repérer et aménager des lieux pouvant servir pour l’hébergement d’urgence », illustre Christophe Robert.

Le logement, une non-priorité gouvernementale

Le logement ne concerne pas que les personnes sans abri, il constitue l’un des sujets de préoccupation majeurs de nos concitoyens et représente le premier poste dans le budget des familles. Les acteurs du logement ont pourtant l’impression que depuis 2017, les gouvernements le négligent : baisse de construction de logements sociaux – l’État en finançait 127 000 par an en 2017, contre 90 000 aujourd’hui –, coupes budgétaires pour les bailleurs sociaux, dans les APL…

S’ils pointent quelques actions positives, comme la création de 40 000 places d’hébergement d’urgence durant la crise covid et leur maintien par la suite, ils jugent que l’action gouvernementale reste très insuffisante. « Pourtant nous sommes confrontés à plus de difficultés sociales, à plus d’expulsions », poursuit le délégué général de la FAP. En trois ans les files d’attente dans le parc locatif ont doublé, un nombre croissant de personnes – même salariées – vivent dans des logements précaires (caravane, voiture, etc.).

Des préoccupations partagées par Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH) – ancienne ministre du Logement sous la présidence Hollande entre 2013 et 2016 -, qui sur X (ex-Twitter) -, déplore « l’absence d’un ministre du Logement de plein exercice, doté de moyens nécessaires pour lutter contre la crise dure qui pèse sur nos concitoyens et menace l’emploi ».

Des travailleurs sociaux démunis

Les acteurs du social et de la solidarité, les travailleurs sociaux et les bénévoles qui interviennent sur le terrain pour tenter d’apporter des réponses aux personnes sans abri ou en difficultés de logement se sentent très démunis face à l’ampleur des besoins et ne cessent d’alerter sur ces questions.

« Nous avons l’impression qu’ils ne sont pas entendus », poursuit Christophe Robert. Les alertes émanent pourtant de toutes part : acteurs de l’immobilier en grandes difficultés pour construire – ils parlent d’un déni du gouvernement de la crise immobilière -, agences immobilières, élus… Pour le président de l’association des maires de France Ville & Banlieue, Gilles Leproust, par exemple, la non nomination d’un ministre « alors qu’il y a une crise du logement dépasse l’entendement ».

Les acteurs de la solidarité espèrent que ces alertes conjointes provoqueront un sursaut, ne laisseront pas autant de concitoyens en souffrance. Cependant, Christophe Robert ne cache pas ressentir de la colère : il a co-piloté, à la demande du gouvernement, le Conseil national de la refondation du logement avec Véronique Bédague, directrice générale de Nexity, sans que grand-chose n’en naisse au regard des enjeux sociaux liés à l’exclusion, à l’hébergement et au logement.

Si un ministre délégué au logement est présent dans la prochaine vague de nominations, tous les acteurs espèrent qu’il entendra les alertes. Une autre politique de logement est indispensable. Avec une volonté politique pour la piloter.

Katia Rouff-Fiorenzi

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