L’Actualité de Lien Social RSS


■ ACTU - Education populaire • Les centres sociaux marseillais en colère

Mercredi 24 juin à 13h, un collectif de salariés de l’éducation populaire appelait à un rassemblement devant la mairie centrale de Marseille. Soutenu par les syndicats Asso solidaires, Cgt et l’Union nationale des syndicats CGT des personnels des associations et organismes sociaux, sportifs et culturels (Uspaoc), ils venaient demander l’arbitrage du maire, l’un des financeurs de leurs structures.

Silence en interne

Ils dénoncent leurs conditions de travail et pointent l’impossibilité de signaler ces dysfonctionnements en interne. « Je suis depuis 17 ans responsable d’un centre social et coordinatrice enfance famille, j’ai toujours constaté une faible représentation syndicale et une difficulté à faire entendre notre voix dans nos structures, explique Nadia Chaher de l’Uspaoc. Depuis un an, nous avons récupéré le pouvoir, les salariés sont maintenant représentés par des gens de terrain et non par des cadres. » La déléguée du personnel a commencé par faire un audit au sein de son association, la Ligue de l’enseignement. Puis elle a élargi le cercle aux autres centres sociaux de la ville en délégation de service public. Et les mêmes constats se retrouvent à l’Institut de formation, d’animation et de conseil (Ifac), à Léo-Lagrange, au Centre de culture ouvrière (Cco) : cumul des fonctions, heures supplémentaires non prises en compte, salaires bas et inéquitables, instabilités des équipes, perte de sens… L’appel à manifester souligne également les pressions vécues par les salariés et les représentants du personnel qui tentent d’alerter les directions et les comités d’administration.

Epuisement des équipes

« Les mercredis et pendant les vacances, je fais l’ouverture et la fermeture du centre, une amplitude horaire de 11 heures, je demande donc depuis des années le recrutement d’une directrice adjointe : demande refusée, déplore la syndicaliste. En septembre 2019, j’ai été malade. Le centre est resté fermé jusqu’à fin octobre, une catastrophe pour les enfants et leurs parents. Le cumul de postes provoque de l’épuisement et la fragilité des équipes mal rémunérées nuit à la construction de réels projets éducatifs et pédagogiques. Par manque de temps, les personnes concernées participent de moins en moins à l’élaboration des actions des centres sociaux. C’est pour cela que nous cherchons à associer les habitants des quartiers à notre mouvement. »

Sortir de la précarité

En 2019, Nadia Chaher a obtenu une révision des salaires pour son équipe. Les animateurs étaient alors payés 24 euros la journée… Après négociation, les montants ont été alignés sur ceux des centres sociaux municipaux soit 50 euros en 2020 et 55 en 2021. « Aujourd’hui, on attend de la mairie un recadrage des directions de nos associations et fédérations, résume la porte-parole du collectif. Nous voulons plus de transparence et une meilleure répartition des budgets pour que nos équipes soient mieux formées et payées. Il faut retrouver les valeurs de l’éducation populaire, arrêter de précariser des salariés qui accompagnent des personnes en situation de précarité. » Si ces mouvements peinent à fédérer au-delà des corporations, cette petite musique tourne à la ritournelle dans le médicosocial.

Myriam Léon