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■ ACTU - Un toit vaut mieux que deux tu l’auras

Lassés des effets d’annonces, les acteurs de l’insertion par le logement interpellent le ministre délégué au logement. Ils appellent de leurs voeux une politique du logement social plus ambitieuse et en donnent les clés.

44 millions d’euros. Le 1er février, lors de la journée de la Fondation abbé Pierre sur le mal-logement, le ministre délégué au logement, Olivier Klein, annonce ce budget pour l’année 2023 du 2e plan Logement d’abord (2023-2027). Le même jour, il présentait au conseil des ministres les six priorités de ce deuxième volet.



Les acteurs de l’insertion par le logement estiment à 60 à 80 millions par an le budget nécessaire pour le 2e Plan logement d’abord. ©Myriam Léon

Il salue dans ce dispositif « un succès » qui aurait, entre 2017 et 2022, permis à 440 000 personnes de sortir de l’hébergement d’urgence ou du sans-abrisme. Pour les 45 territoires volontaires à la mise en oeuvre du 1er plan logement-d’abord, ce résultat a nécessité de mobiliser des logements sociaux et très sociaux, de faire de l’intermédiation locative dans le parc privé, de créer des places en pensions de famille et en résidences sociales.

Le 14 février, des acteurs de l’insertion par le logement (Fapil, Soliha, Unafo, Unhaj) adressent un courrier au ministre délégué. Ils y saluent les engagements et les axes prioritaires présentés, mais réclament du concret avec « des annonces précises et financées dans les meilleurs délais ».

Des axes sans feuille de route

« Nous attendons toujours le financement, résume Juliette Laganier, directrice de la Fédération Soliha. Aujourd’hui, le plan logement d’abord 2 n’est toujours pas sorti, le ministre délégué au logement en a donné les grandes lignes, mais il manque une feuille de route avec des objectifs partagés pour répondre aux besoins des mal-logés : combien de création de places en pension de famille, en résidences sociales, de captation dans le parc privé dans le cadre de l’intermédiation locative... Donc nous souhaitions alerté sur ces points. Nous partageons les principes, nous sommes mobilisé pour répondre à l’ambition, maintenant il faut y aller. »



Le logement nécessite une vision à long terme, donc un budget pluriannuel. ©Myriam Léon
Pour que « le 2e volet du plan Logement d’abord soit ambitieux et permette un véritable changement d’échelle », ils préconisent en premier lieu des financements à la hauteur des enjeux. « Nous estimons qu’il faudrait 60 à 80 millions par an pour pouvoir mener une politique du logement d’abord qui répond réellement aux besoins des ménages dans un contexte d’explosion du mal-logement » , souligne la directrice. En plus, l’annonce du budget pour 2023 n’offre aucune visibilité sur 2024 et 2025 or le logement suppose une vision à long terme.

Indispensable accompagnement social

Au-delà de l’aspect quantitatif, les acteurs de terrain attirent l’attention sur le qualitatif, notamment en matière d’accompagnement social. Le ministre délégué au logement reconnait d’ailleurs que le 1er plan logement d’abord a négligé ce facteur humain : il ne suffit pas d’un toit pour sortir de la précarité. « Il faut absolument financer plus de mesures d’accompagnement social pour les locataires de logements d’insertion qui vivent une précarisation importante, alerte Juliette Laganier. Aujourd’hui, ce volet n’est pas financé. Quelles sont les ambitions sur cet enjeu ? »

Plus d’1 million de personnes sans logement

Le courrier à Olivier Klein rappelle que le soutien aux personnes relève également de mesures de politique sociale globale. « Il s’agit notamment d’assurer des ressources suffisantes aux ménages pour faire face aux dépenses liées à leur logement. Par exemple, la revalorisation des aides au logement (APL) »…

Après son annonce du septembre 2022, puis la piqure de rappel du 1er février, Olivier Klein promet une prochaine présentation officielle du fléchage des 44 millions inscrits dans la loi finance 2023 pour amorcer la deuxième phase du plan. Le 28e Rapport sur le mal logement de la Fondation abbé Pierre dénombre 4,1 millions de personnes mal logées, dont plus d’1 million sont privées de logement personnel. Il y a urgence !

Myriam Léon

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