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■ ACTU - Mineurs non accompagnés • L’indécente proposition

La préfecture de la Gironde innove en matière d’« accueil » des étrangers. Le 13 octobre, la Cimade et Médecins du Monde ont saisi la défenseure des droits et interpellé le secrétariat d’État à la protection de l’enfance pour dénoncer la proposition faites à quinze jeunes : choisir entre la rue et le retour au pays. Déboutés de leur minorité par les services du département, ils étaient hébergés à l’hôtel par le 115 après l’expulsion -le 23 septembre- du squat où ils vivaient depuis juin 2020. Faute de s’être rendus à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) pour y signer un accord d’aide au retour, ils ont été jetés dehors le 12 octobre au matin.

La préfecture dément avoir conditionné la poursuite de l’hébergement à l’acceptation de retourner dans leur pays d’origine. « Nous avons proposé aux personnes qui souhaitent bénéficier d’une prise en charge au titre de l’aide au retour, un rendez-vous avec l’OFII pour se voir présenter le dispositif. Si les personnes acceptent cette démarche, nous pourrons les orienter vers le centre de préparation à l’aide au retour de Libourne géré par France Horizon afin d’examiner les conditions de mise en œuvre de cette orientation. Cette proposition est basée sur le volontariat. » Justement, ces jeunes ne semblent pas vraiment volontaires. Tous ont entamé des démarches devant le juge des enfants pour qu’il statue sur leur minorité, leur isolement et leur situation de danger.

En attendant, la loi ne prévoit aucun dispositif pour ces jeunes ni mineurs ni majeurs, livrés à eux-mêmes. A Bordeaux, le squat Kabako a permis leur mise à l’abri et leur a procuré un accompagnement juridique. Durant ses quinze mois d’existence, une centaine de jeunes ont finalement été reconnus mineurs et pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Dans l’attente de leur audience, les quinze expulsés ont trouvé refuge chez des hébergeurs solidaires, une solution précaire. Parmi ces jeunes à qui l’on offre un toit à condition que ce soit pour préparer un retour dans leur pays d’origine, un Afghan.

Myriam Léon