🎥 Documentaire - Le bon grain et l’ivraie

Les enfants jouent. Dans la cour d’un centre d’hébergement d’urgence d’Annecy, ils dansent, courent, se racontent des histoires… Dans le Bon grain et l’ivraie, un documentaire dont Lien Social est partenaire, Manuela Frésil filme l’hébergement d’urgence à hauteur d’enfant. Une hauteur toute particulière qui permet au spectateur de ressentir la violence du système. « La préfecture a dit de faire sortir ceux qui sont restés plus au centre et de faire entrer les nouveaux, explique un petit garçon qui ajoute : Je n’ai pas trouvé cela correct ».

Gros sacs, valises, poussettes chargées, les familles tirent leurs affaires de lieux d’hébergement en accueils de jour jusqu’à la rue où elles finissent par se retrouver. Un cercle vicieux qui semble sans fin. « Maman, où est-ce qu’on va dormir ? ». « Dans une voiture. » Malgré les nuits sans sommeil, la pluie, les bâches pour tenter un abri, les rires d’enfants et les jeux perdurent. Les apprentissages aussi sur des cahiers précieusement protégés par leurs cartables qu’ils portent sur le dos. Des forces de vie malgré l’abime de la rue.

Manuela Frésil s’implique dans son documentaire, sa caméra est prise à partie par les enfants (plus rarement leurs parents), sa voix répond aux questions qui fusent, elle-même s’interroge en voix off sur ce qu’il se passe. « Je pense que l’époque du cinéma d’observation est terminée, explique-t-elle. À partir du moment où l’on regarde les gens avec une caméra, on interagit automatiquement avec eux ». Elle ne veut pas faire semblant de ne pas être là, assure avoir été bouleversée par ce que vivaient ces enfants. Elle espère que son cinéma pourra constituer une « base de réflexion pour penser le politique ».

Le Bon grain et l’ivraie, de Manuela Frésil, 94’, sortie en salles le 28 octobre.