• TERRAIN - Témoignage - Enfance en Danger : un satisfecit gouvernemental qui masque une situation bien plus complexe et inquiétante

La Ligue des droits de l’homme de Saint Nazaire a réagi au communiqué de presse du secrétaire d’Etat à la protection de l’Enfance paru le 22 avril. Adrien Taquet y laisse apparaitre sa satisfaction quant à l’efficacité de la campagne de sensibilisation du gouvernement à destination du grand public puisque sur la semaine du 13 au 19 avril, il y a eu une augmentation de 89,35 % des appels au 119. Le confinement a aggravé la situation des femmes et des enfants vivant sous la coupe de conjoint ou proche violent et ne pouvant plus bénéficier de respiration sociale tels que le travail, l’école, les loisirs y est-il précisé. Si le Service National d’Accueil Téléphonique pour l’Enfance en Danger (SNATED) a bénéficié d’un renforcement de ses moyens, une partie de la chaîne de traitement des informations préoccupantes a manqué de moyens à la hauteur des enjeux. « Évidemment, le gouvernement pourra toujours dire que la responsabilité incombe aux Conseils Départementaux. Il faut rappeler que les services sociaux départementaux fonctionnent majoritairement en distanciel durant cette pandémie » témoigne Jean-Luc Boero, le Président de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme. Des départements ont en effet priorisé des tranches d’âge (par exemple les 0-3 ans) et demandé à leurs agents de s’enquérir de l’état de santé de la famille avant d’effectuer des visites à domicile. Face à l’impossibilité de faire un travail de fond, cela s’est souvent traduit par des évaluations brèves et souvent sans possibilité d’accompagner les familles vers un mieux-être. « Nos cabinets ministériels, nos experts et nos politiques auraient pu envisager cette situation. Croire que sans services sociaux de proximité ouverts, sans école, sans centres de loisirs pouvant aussi repérer les situations et ne faire appel qu’à une campagne de sensibilisation au 119 protègerait les enfants est une navrante simplification de la réalité. Ne tombons pas dans le leurre du gouvernement ni dans la croyance que le travail social à distance peut produire des réponses adaptées aux situations. Dans une situation de confinement, les plus fragiles d’entre nous sont bien souvent des invisibles et continueront à vivre l’invisibilité tant qu’aucun regard professionnel ne pourra détecter leur souffrance. » conclue-t-il.

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