• TERRAIN - Journal de bord - L’entre- deux - « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse » (Nelson Mandela)
Par Laurence ORDINER- CHOFFEL Cheffe de Service FAM.
17 Mars 2020. Ce jour précis d’un épisode inédit et singulier de nos vies s’ouvre sur une période dont nous ignorons tous l’évolution et le terme. Nous sommes en alerte face à la gravité de la crise sanitaire mondiale en cours. Nous devons composer avec nos appréhensions respectives, renoncer à notre besoin de contrôler ce qui nous dépasse. Nous sommes ensemble dans une volonté commune : protéger les résidents du FAM, coûte que coûte.
Nous ouvrons notre atelier « art plastique », afin de l’unir à notre salle de réunion, et ce dans le respect des distances. Unir. Ce mot définira dès lors toutes nos actions.
Les masques sont portés, les gels hydroalcooliques trônent ci et là. Les corps sont tendus, l’attention est manifeste. L’inquiétude se transforme, laisse place à la vivacité d’esprit, aux propositions, à la créativité, à l’énergie. Les professionnels sont dans un mouvement de vie, là où les drames humains se dénombrent sur nos écrans de télévision.
Les idées fusent : réorganiser le plan de table, mettre en place l’apprentissage des gestes barrières pour nos résidents, proposer et mettre en application de nouvelles modalités de communication entre ceux- ci et leurs proches, anticiper sur le désarroi des intéressés et ses manifestations. Envisager une nouvelle vie provisoire où la joie et la légèreté s’entremêleraient avec la détermination et la rigueur.
Nous faisons face à l’humilité que nous impose cette nouvelle réalité. Notre force réside dans notre capacité à construire ensemble, à nous soutenir, à garder le sourire et même rire. Animés par cette nécessité impérieuse de sortir tous indemnes, nous décidons sans avoir besoin de l’énoncer que ce combat est désormais le nôtre. Les actes seront plus éloquents que les mots. La présence effective de chacun, constante et dynamique, en sera la démonstration.
De ces semaines chargées d’émotions contraires où la réactivité devient le maître mot, je garderai en moi à jamais cette certitude qui s’est rapidement imposée : cette mésaventure inattendue, je suis heureuse de l’avoir traversée avec tous ces professionnels impliqués, éducateurs, soignants, médecins, psychologue, services généraux si précieux au quotidien. Admirative face aux résidents qui sont parvenus à développer de nouvelles ressources dans ce contexte de confinement et nous ont conduits à donner le meilleur de nous- mêmes, jour après jour. J’éprouve de la gratitude envers les familles/ tuteurs, privés de la présence physique de leur enfant durant ces longs mois, pour leur compréhension, leur discernement et leur confiance réitérée.
Depuis le 4 Juin 2020, le déconfinement nous autorise tous à nous réapproprier nos vies a eu lieu. Les résidents du FAM vont bénéficier de leur premier week-end en famille cette semaine. Tous ont échappés au Covid 19, grâce à l’hyper vigilance des professionnels à leur égard. La contribution apportée à la protection physique et psychique des concernés a été l’affaire de chacun, quelle que soit la fonction occupée, intervenant de près ou de loin.
Nous retrouvons peu à peu notre souffle et accueillons ce doux état de soulagement, ouvrant nos bras à la liberté retrouvée.
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Retrouvez les témoignages de travailleurs sociaux en pleine crise sanitaire sous la thématique "Terrain, journal de bord" de notre rubrique Actualité.
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