• TERRAIN - Journal de bord - Directives et Foutage de gueule, le quotidien d’un éduc de MECS (3)
Par G. M., éducateur spécialisé en MECS
Vendredi 20 mars à 17h25
Partie 3
J+3, Mise en place…
J’arrive en début d’après-midi sur le foyer un peu en avance pensant me faire contrôler sur la route. Le repas du midi s’est fait en deux fois. Ma collègue part en congés à 16h00. Elle est remontée pour plein de raisons. Les filles l’ont un peu cherchée. Les chefs de service ne communiquent pas assez. Et puis mine de rien, ça fait aussi trois ans qu’on n’avait pas bossé sur du collectif. Je prends mes quarante-cinq minutes d ‘avance, pour passer plusieurs appels téléphoniques aux jeunes et aux parents qu’on suit à distance. Les parents sont compréhensifs. Sûrement, que certains sont très satisfaits de ne pas nous avoir dans les pattes. Les jeunes, c’est plus compliqué pour certains. Ils sont souvent mis à contribution pour garder les plus petits, quand leurs parents ne sont pas là et doivent aussi s’occuper de leur scolarité via internet, pronote and CO.
Ma directrice me parle pendant quelques minutes pour mettre les choses à plat et m’expliquer qu’on n’est plus sur une logique de service, mais d’urgence sanitaire. Je comprends le message : mes propositions de scinder le collectif en deux n’ont plus lieu d’être. Je n’aurais jamais pensé qu’autant de collègues ne répondraient pas présents pour travailler.
Ma collègue s’en va en congés à contre-coeur et une autre du foyer arrive, la troisième est en train de faire de la scolarité avec des gamines. Nous n’avons pas d’agent d’entretien ce jour, pas de cuisinier… il va falloir que nous soyons sur tous les fronts et que nous mettions les filles à contribution. Et croyez-moi, même pour les plus « chieuses », elles contribuent. En plus, il y a plein de nouveaux professionnels qui viennent s’occuper d’elles. Alors, c’est parti pour quelques élans de discussions et l’aménagement du parking en espace de détente extérieur et de jeux.
Il est 22h00. J’ai passé un bon moment sur ce collectif. J’ai fait comme j’ai pu, je commence à prendre mes marques. Par contre, je me sens en colère. J’ai des collègues qui nous ont lâché. Le Conseil département, là-dedans ? A part, dire « y a qu’à » ou « faut que »… putain les gars !? On met un truc en place en 48h et on n’a toujours pas de gants, de masques ou plus de gel hydro, fournis par la collectivité ?
1h00 du mat : je me couche, toutes mes attestations sont prêtes pour le lendemain. On est tous en lien, ce soir, avec mes collègues qui étaient en repos. Eux aussi, ils vont devoir avoir les explications que j’ai eu.
(à suivre)
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