• TERRAIN - Journal de bord - Directives et Foutage de gueule, le quotidien d’un éduc de MECS (2)

Par G. M., éducateur spécialisé en MECS
Vendredi 20 mars à 17h25

Partie 2
J+2, Et en pratique ça se passe comment ?
8h00 du matin, Je retrouve mon service initial. Ma directrice m’appelle pour m’éclairer sur les choses à penser et à rapatrier sur le bâtiment administratif avant de fermer l’unité. Deux heures plus tard, j’arrive sur le collectif après avoir récupéré un pass. Ce collectif est en plein travaux d’agrandissements. Y a du bruit de partout. Je rejoins ma collègue du foyer qui est plutôt contente d’avoir l’occasion de travailler en doublure avec de nouvelles personnes. Les filles qui sont prises en charge apprennent à me connaitre et inversement. Le passage régulier des cadres de l’institution nous met en réflexion : nous les bombardons de questions auxquelles de toute façon, ils n’ont pas la réponse. On commence à faire les premiers constats sur les gestes barrières, le repas en groupe, qui touche quoi, qui s’occupe des clopes ? …. On est tous sous tension et quelques éclats de voix apparaissent entre direction et salariés. Nous apprenons que mon service sera un éventuel lieu de confinement pour des jeunes atteins du Covid-19 et que notre idée de diviser le groupe sur deux lieux n’est pas réalisable. L’idée est définitivement enterrée quand deux arrêts supplémentaires tombent en fin de journée. Les filles posent des questions concrètes ; nous leur expliquons qu’il faut économiser le gel hydro et qu’il faut qu’elle se lavent les mains, en rentrant et en sortant, pour aller d’un endroit à l’autre, dans l’enceinte de l’établissement. Nous les informons au fur et à mesure des espaces qui vont être créés en intérieur et à l’extérieur. Le plus dur pour elles c’est qu’on a dû leur interdire de profiter du grand jardin à cause de ce putain de chantier en cours, fermé par le BTP depuis douze heures. Les salariés présents récupèrent au fur et à mesure leur attestation employeur et leur nouvelle carte professionnelle.
Il est 16h00, je débauche. Je reprends ma voiture pour rentrer à la maison. Y’a du monde sur la route, bcp de camions, j’ai encore 40 kilomètres à faire et certains font n’importe quoi. Je croise la gendarmerie, plusieurs fois. Pendant le trajet, je me dis que je suis bien content d’avoir un petit jardin et qu’il faut que je me fasse une « attestation de déplacement », pour sortir le chien. Ce mardi soir, je me couche à coté de mon mari avec un message collectif d’une de mes collègues qui nous annonce qu’au vu de sa pathologie et de son âge, son médecin va la mettre en arrêt. C’est mieux comme ça.

(à suivre)

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