N° 686 | Le 13 novembre 2003 | Dossiers

Comment réduire les risques chez les toxicomanes

Katia Rouff

Thèmes : Toxicomanie, Sida

Au milieu des années 80, l’épidémie du sida, l’état sanitaire désastreux des usagers d’héroïne ont imposé — non sans mal — un changement dans la politique liée à la toxicomanie. Il fallait que l’usager de drogue puisse protéger sa santé et éviter les risques de contamination par le VIH (voies sexuelle et sanguine) grâce à des actions et des programmes adaptés : rencontre des usagers de drogue dans la rue (avec Médecins du monde notamment), mise à disposition de matériel d’information, échanges de seringues, méthadone…

En 1987, la loi communément appelée « Loi Barzach » autorise la mise en vente libre de seringues en pharmacie. En 1992, naît Asud, premier groupe d’autosupport d’usagers de drogues. À partir de 1993, les programmes de substitution se développent avec la méthadone et plus tard le Subutex® (lire l’interview de Sylvie Wieviorka). En 1994, le programme d’échange de seringues s’appuie sur la mise en vente des premières trousses de prévention et en 1995, la délivrance par les associations de lutte contre le sida et la toxicomanie de matériel d’injection gratuit.

La politique de réduction des risques s’est traduite par une baisse des contaminations par le VIH et des overdoses. Toutefois, la forte propagation du virus de l’hépatite C et la co-infection VIH/VHC sont aujourd’hui des priorités majeures de santé publique qui ne trouvent pas de réponses suffisamment satisfaisantes.

« L’arrivée des traitements de substitution a été un véritable bouleversement permettant ainsi aux personnes de sortir de la clandestinité et d’avoir un meilleur accès aux soins », explique l’association Aides qui déplore cependant la non-prise en compte des pratiques de consommation dans l’offre de soins, le non-choix du traitement et enfin le nombre limité de places de méthadone à l’échelon national.

Aujourd’hui, l’état de santé de certaines personnes s’est aggravé de manière inquiétante, notamment par le détournement de certains médicaments. « Seule des réponses innovantes, soutenues sur un plan politique, permettront de réduire les risques liés à la consommation et d’accompagner les personnes dans une démarche de soin. C’est pourquoi Aides se prononce pour une mise à plat totale du cadre légal lié à l’usage de drogues en France qui pénalise l’usage, interdit d’en parler et limite ou empêche les programmes innovants : salles d’injection à moindre risque, héroïne médicalisée… ».

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