N° 733 | Le 9 décembre 2004 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Vivre son affectivité et sa sexualité

Isabelle Mathéi et all.


éd. Jeunesse et droits, 2004, (91 p. ; 7,50 €)

Thème : Sexualité

[Livre non disponible]

Les déficients mentaux ont les mêmes droits fondamentaux que les autres citoyens du même pays et du même âge… y compris en ce qui concerne l’éducation affective et sexuelle qui doit pouvoir être dispensée aux uns comme aux autres. Pour autant, il y a loin de la coupe aux lèvres. Si les familles et les professionnels ont arrêté de voir systématiquement dans les personnes atteintes de handicap mental des êtres soit asexués, soit prisonniers d’inclinations monstrueuses, le chemin qui mène à une véritable prise en compte de leur dimension affective est encore bien long.

Le Centre de jour Jean Théwis, situé en Belgique, mène, depuis huit ans, une réflexion sur cette question et anime, depuis quatre ans, un atelier hebdomadaire intitulé « vivre ta vie ». L’équipe professionnelle a cherché comment éviter des comportements difficilement acceptables socialement : masturbation en public, exhibitionnisme, abus sur de plus faibles etc. La conviction de départ était bien qu’un programme d’éducation bien mené sur ces sujets, loin de réveiller des pulsions cachées, pouvait au contraire, répondre aux difficultés que rencontraient les usagers à comprendre ce qui se vivait en eux. Elle a donc commencé par choisir deux salariés issus de ses rangs destinés à animer l’atelier (volontairement un homme et une femme) et à leur faire suivre une formation spécialisée.

Puis elle a fait une recherche sur le matériel didactique existant. Son choix s’est arrêté sur un programme d’origine anglaise. Elle a enfin prévenu les familles. L’atelier a pu ainsi démarrer sur la base de plusieurs objectifs : permettre de s’exprimer sur des sujets personnels, apprendre à mieux se situer au niveau social et affectif, adopter un comportement social adapté, comprendre ses sentiments, prévenir les abus sexuels. L’atelier a commencé par l’élaboration d’une « peau du groupe » : créer un climat de confiance permettant à chacun de s’exposer sans risque. Puis, séances après séances, les participants ont été invités à identifier ce qui relevait de leur intimité, à repérer les personnes de leur entourage en fonction de leur proximité affective, à définir les différentes parties du corps… La dynamique de groupe a permis d’aborder beaucoup de sujet sans arriver toutefois à dépasser le stade du seul domaine affectif, le temps étant un facteur important pour permettre l’assimilation des notions.

Effets de cette activité : un changement tout d’abord au sein de l’équipe qui s’est mise à accepter des flirts qui jusque-là étaient interdits (avec comme conditions toutefois : le consentement mutuel et des sentiments amoureux constructifs comme la fidélité et la continuité). Cette expérience de terrain est longuement décrite dans l’ouvrage qui détaille la méthode et les supports utilisés.


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