N° 937-938 | Le 16 juillet 2009 | Patricia Delage | Critiques de livres (accès libre)

Une société de surveillance ?

Ligue des droits de l’homme, sous la direction de Jean-Pierre Dubois & Agnès Tricoire


éd. La Découverte, 2009 (128 p. ; 10 €) | Commander ce livre

Thème : Droits de l’homme

Les nouveaux modes d’information et de communication ont envahi le monde. Ils facilitent le quotidien, rendent parfois possible l’impossible pour des personnes soit âgées soit handicapées ou malades. À partir de ce constat du tout voir, tout savoir voire tout contrôler, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a alerté sur les risques de création d’une société de surveillance. Ces différents moyens s’interconnectent et chacun est susceptible d’être « tracé » de manière quasi permanente. Le fichage global combiné à la puissance de l’informatisation à grande échelle peut, dans les prochaines années, « mettre un outil extrêmement performant au service de la sélection, de la discrimination, de la stigmatisation des « déviants » et du contrôle social généralisé ». La Ligue des droits de l’homme effectue un tour d’horizon des risques de perte des libertés.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont accentué les dérives qui transforment le citoyen de base en délinquant potentiel voire en terroriste. La surveillance prend des formes plus « externalisées » par l’intermédiaire d’agents de l’État dont la fonction de base est l’aide aux personnes vulnérables, le soin, l’éducation et que l’on peut inciter ou contraindre à dénoncer des écarts à la loi : le Pôle emploi, les directeurs d’école, la Sécurité sociale et des travailleurs sociaux. La lecture de cet ouvrage fait froid dans le dos. « Miradors invisibles, entrave de l’exercice des droits, renforcement du contrôle social ? » : ces questions développées trouvent un écho positif dans le besoin de réagir, de s’appuyer sur une vigilance citoyenne pour défendre les libertés. Le chapitre concernant les Roms est éloquent « les Roms en France, boucs émissaires de la chasse aux étrangers et aux pauvres ». L’ensemble de l’ouvrage apporte un constat certes inquiétant mais, dans le contexte actuel, nécessaire.


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