SPIP : une audience Place Vendôme
Après plusieurs semaines de mobilisation, l’intersyndicale Insertion Probation a été reçue par le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, ce lundi 4 Avril. D’après l’organisation - qui représente 84 % des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) et la totalité de leurs directeurs (DPIP) - le garde des sceaux a non seulement promis une nouvelle rencontre sous huit jours, mais s’est montré « à l’écoute » et a fait preuve « d’ouverture ».
Il faut dire qu’il devenait difficile de faire autrement... Le mouvement de contestation des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) ne cesse en effet de prendre de l’ampleur, atteignant plus de 80% des services, et comptabilise plus d’une centaine d’assemblées générales organisées sur l’ensemble du territoire. L’intersyndicale Insertion Probation réclame une égalité de traitement pour la retraite, une augmentation des effectifs, une amélioration des conditions de travail, la reconnaissance des missions et des personnels par l’Administration Pénitentiaire (AP), la renégociation, notamment du statut des CPIP.
Pour illuster ses revendications, l’intersyndicale avance notamment l’exemple édifiant d’un service de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis qui serait pour moitié composé de stagiaires. Et rappelé le nombre de personnes placées sous main de justice dont les SPIP doivent assurer le suivi : 250 000.
Les personnels des SPIP mobilisés dénoncent également la tournure sécuritaire que prend la définition de leurs missions.
GRÈVE DU ZÈLE
Contrainte par l’interdiction de grève appliquée aux professionnels du secteur, le mouvement a mis en œuvre le boycott de réunions et pratique la grève du zèle. En la matière, il vise un point sensible : les signalements des comportements de « radicalisation » sont rédigés a minima.
En réaction au « silence assourdissant » que lui avait opposé l’AP dès les débuts du mouvement, l’Intersyndicale avait dû solliciter des audiences auprès des différents ministères. Mais c’est surtout au niveau local que les initiatives ont fleuri et que les actions menées vers les politiques ont été les plus fortes : les personnels des SPIP ont sollicité les parlementaires et élus locaux qui se sont fait leurs porte-parole auprès du gouvernement.
Malgré l’ouverture du dialogue, l’intersyndicale reste mobilisée, et pour peser dans le débat, annonce une manifestation nationale le 10 Mai à Paris.