Réforme du logement : un air de changement dans la continuité

Annoncée à Toulouse par le président Emmanuel Macron, la réforme du logement prend le train en marche d’une politique menée par ses prédécesseurs. Il s’agit d’abord de remplacer l’hébergement d’urgence et les nuitées d’hôtel par « le logement d’abord » : 50 000 places supplémentaires pérennes doivent être créées, 10 000 dans des pensions de famille, 40 000 dans le parc locatif. « Nous avons un point de vigilance sur l’offre d’hébergement qui ne peut pas disparaître immédiatement, cela doit rester un accueil d’urgence inconditionnel et non suppléer le manque de logement comme aujourd’hui, souligne Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de solidarité (FAS). Il faudra quelques années avant de permettre l’accès direct à un logement pérenne à toutes les personnes qui vivent actuellement à la rue, en hôtel, en squat et dans l’habitat insalubre. Ensuite, nous souhaitons un maintien de l’accompagnement social quand il est nécessaire, et on ne voit pas de budget prévu dans ce domaine ».

Baisse des normes pour augmenter la construction

Ce dispositif suppose de capter des logements à loyer conventionné dans le parc privé. Pas si simple dans les zones tendues où le moindre m2 peut rapporter gros. Cette réforme s’accompagne donc de la construction de 40 000 logements par an dans le parc social. Pour obtenir ce résultat, le président croit à la nécessité de baisser les normes d’isolation et d’accès au handicap, sous couvert de « pragmatisme ».

Invités à construire plus, les bailleurs sociaux sont également incités à gagner moins afin d’amortir la baisse des allocations logements. Après la diminution des 5 euros annoncés cet été, elle pourrait désormais atteindre 50 euros pour les locataires de logements sociaux. « C’est une très mauvaise nouvelle qui touche 6 millions de foyers, déplore Florent Guéguen. Nous en demandons le retrait, mais le gouvernement minimise la portée de cette décision en précisant qu’elle sera compensée par une réduction des loyers et des charges dans le parc social. La négociation va se faire avec les bailleurs sociaux. C’est donc le public qui va payer la note, alors que l’on ne demande rien au privé ».