Réduction des risques : la polémique des seringues

Une décision incompréhensible : le 31 août, le Préfet de Seine-Saint-Denis ordonnait la fermeture de deux distributeurs de matériel d’injection stérile à Aulnay-sous-Bois, arguant de la présence de seringues usagées dans l’espace public. L’Agence régionale de santé (ARS) faisait, dans la foulée et sans autre réflexion, désinstaller les automates.

Professionnels au créneau

Immédiatement, les professionnels d’une douzaine d’associations et certains élus montent au créneau et arguent d’une régression sanitaire : les usagers iront trouver le matériel d’injection ailleurs, mais reviendront à l’endroit où ils se procurent la substance consommée ; pire, certains d’entre eux seront amenés à s’échanger des seringues usagées. Le risque de contamination - VIH et hépatite C au premier plan - s’en trouvera alors accru. Et en amont, la mise à disposition de ce matériel d’injection est désormais reconnue comme une intervention de santé publique, faisant l’objet de recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Marche arrière toute

Face à cette bronca, les pouvoirs publics cèdent. L’ARS annonce que les distributeurs supprimés seront réimplantés le 3 octobre. À cette occasion, élus et professionnels rappellent la nécessité impérieuse de l’ouverture d’une salle de consommation à moindre risque (SCMR) dans le département. Or la loi votée en 2015 impose l’expérimentation de ces salles pour six ans, avec une durée de fonctionnement qui ne soit pas inférieure à trois ans. Par conséquent, les futures SMCR doivent être mises en service avant octobre 2019.

Bientôt d’autres SCMR ?

L’ARS 93 se dit décidée à engager une réflexion sur l’installation de nouvelles SCMR ou de salles de repos, mobiles ou fixes. Le centre d’accueil, d’accompagnement et de réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud), situé dans l’enceinte de l’hôpital Ballanger à Aulnay, à proximité duquel sont situés les deux distributeurs de seringues, a vu son nombre d’usagers augmenter considérablement en 2017-2018. Il s’agit bien maintenant de renforcer la politique de réduction des risques construite depuis des années sur ces territoires.

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