Pour une Maison des Réfugiés à Paris

9 juillet : dans une lettre ouverte à Anne Hidalgo, Maire de Paris, 222 artistes, cinéastes, musiciens, chercheurs réclamaient un lieu d’accueil pour les quelque 600 réfugiés survivant, expulsion après expulsion, dans les rues de Paris. Était revendiquée la création d’une « Maison des Migrants » qui formerait le chaînon manquant entre l’arrivée en France et le placement en centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA). Constitué des migrants (et de leurs soutiens) réfugiés sous le métro aérien à La Chapelle, puis à la Halle Pajol, puis au jardin d’Éole, puis sous la Cité de la Mode et dans d’autres lieux parisiens, le collectif La Chapelle en lutte a pris une place prépondérante dans ce mouvement (avec quelques militants de la Cimade, du Gisti, de Médecins du monde). Celui-ci porte inlassablement sa demande d’ouverture en urgence d’un lieu collectif, sans résultat. Le groupe (composé de nombreux Soudanais et Syriens, et des soutiens) décide alors, fin juillet, d’occuper le lycée Guillaume Budé, rue Jean Quarré, dans le 19ème arrondissement. Lutte et survie : « Refugees are survivors » ou « refugees struggle » peut-on lire aujourd’hui sur la façade ou les murs.

« Nous souhaitons transformer ce lycée en centre d’accueil temporaire. Les travaux devraient être réalisés en quelques semaines », a promis Bruno Julliard, premier adjoint à la Maire de Paris (… qui avait déjà annoncé en juin dernier la création de centres de transit). Ainsi, un nouveau centre d’accueil – pas forcément réservé aux seuls migrants –, d’une capacité d’environ cent cinquante personnes, pourrait-il voir le jour, jusqu’en 2020, date où le lycée doit se métamorphoser en médiathèque. Mais La Chapelle en lutte reste méfiante. Et constate l’absence d’aide en nourriture de la mairie, s’interroge sur les moyens engagés pour la répression, et craint une « concurrence des indigents, qui n’ont pas les mêmes besoins » (nous dit Valérie Osouf, du collectif). À suivre, forcément.
Lire aussi le Décryptage dans Lien Social n° 1168 (3 septembre)