N° 1002 | Le 20 janvier 2011 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Oser écrire - Parcours et méthodes à l’usage des professionnels du secteur social et médico-social

Claudine Hémery & Guillemette Chavaillier


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Thème : Écriture

Il est convenu de le dire : les travailleurs sociaux n’aiment pas écrire, même s’ils passent leur temps à noircir du papier. Voilà un livre affichant l’ambition de leur faire changer d’avis. Et, reconnaissons-le, les auteures font preuve d’habileté et de pertinence.

Elles commencent par essayer de faire de l’écriture un jeu, en proposant de multiples exercices ludiques pour manier les mots et les idées. Vient ensuite une proposition de plusieurs méthodologies susceptibles de répondre à l’angoisse de la page blanche. Il n’y a pas ici de présentation d’une formule magique ou d’un procédé clef en main, qui permettrait par miracle de régler les difficultés inhérentes à l’acte d’écriture, du moment qu’on suive les conseils à la lettre. Les seules recommandations véritables relèvent bien plus de précautions que d’un guide impératif et contraignant. Tendre vers l’objectivité, plus qu’essayer d’être objectif, par exemple : chacun perçoit la réalité à partir de son cadre de référence, de sa culture, de son itinéraire, de son histoire…

On est donc tout de suite dans l’interprétation. Si écrire permet de prendre le recul nécessaire par rapport à ses ressentis et a priori, cette distanciation n’équivaut pour autant à aucune vérité. Second conseil, ne pas se contenter de sa seule mémoire, mais élaborer un outil permettant d’accumuler dans le temps des données et informations que l’on synthétisera le moment venu. Ce n’est pas les derniers événements qui doivent retenir notre attention, mais une chronologie de faits soigneusement répertoriés dont on doit tirer un bilan rigoureux.

Autre proposition : ne pas chercher à tout bien écrire d’emblée, la mise en forme n’étant que l’étape ultime. Elle doit être précédée par une démarche de libre création d’un matériau qui sera ensuite organisé et argumenté. Le raisonnement peut être aidé par une grille d’entraînement mental qui laisse la place aux questionnements tels que : de quoi s’agit-il ? Quel est le problème ? Pourquoi est-ce ainsi ? Que faut-il faire ? Se pose ensuite le problème du plan et de son choix le plus opportun. N’importe lequel peut convenir, affirment les auteurs, du moment qu’il y en ait un ! La rédaction, quant à elle, doit respecter la règle des trois C : clair, concret, concis.

Nous n’en finirions plus d’évoquer les pistes proposées par les auteures, le lecteur pouvant choisir celle qui lui parle et peut le mieux lui convenir : « Aucun outil ne pourra couvrir toute la complexité humaine : c’est la méthode, non l’outil qu’il importe de retenir  » (p.91). Last but not least, des conseils pour publier dans des revues du secteur : candidats à Lien Social, à vos plumes !