Orléans : « Les mineurs ne sont pas des sardines »
Il aura fallu une manifestation du personnel de la Maison de l’enfance d’Orléans devant le conseil départemental pour que des engagements soient pris. Dénonçant le sureffectif d’enfants, environ 80 professionnels se sont réunis mardi 26 septembre sous une banderole « Les mineurs ne sont pas des sardines ». Fin août, le foyer d’accueil d’urgence prévu pour un maximum de 41 suivis accueillait 90 jeunes. Avec ses neuf places, le service des 12-16 ans a compté jusqu’à 24 placements, celui des adolescents 39 alors qu’il est prévu pour 15. La nuit, les salles de réunion et de jeux se transforment en dortoirs avec des lits de camps, des matelas à même le sol, voire des tapis de sol.
Renfort de personnel
La situation a donné lieu à un dialogue avec les représentants de la direction, venus constater la dégradation de l’accueil dès le mois de mai. « Ils nous ont écouté, nous ont demandé d’attendre et nous n’avons rien vu venir, explique Stéphanie Velter, éducatrice de jeunes enfants et secrétaire du syndicat Sud. La manifestation a déclenché une arrivée de renfort en cuisine et dans l’équipe éducative, même s’il n’est pas facile de recruter dans ces conditions. Des lits et des matelas ont également été achetés. Les admissions sont bloquées, des enfants que nous devrions accueillir attendent à l’hôpital ou sont placés en urgence en famille d’accueil ».
Le département du Loiret dont dépend la Maison de l’enfance a également promis un plan d’action dans le mois. « Actuellement, le Loiret compte 350 mineurs non accompagnés, l’État nous annonce qu’ils pourraient être 700 au mois de décembre, ça met à mal toute la protection de l’enfance, explique Alexandrine Leclerc, vice-présidente du conseil départemental chargée de l’enfance. Nous réfléchissons à la mise en place d’une plateforme d’accueil et d’orientation avec des éducateurs, la Croix Rouge, l’éducation nationale et des professionnels de santé pour évaluer la minorité et trouver des solutions adaptées ».
Les MNA bouc-émissaires
Ancien éducateur de la Maison de l’enfance, aujourd’hui retraité et membre du Collectif de soutien aux jeunes isolés étrangers (Cojie), Serge Cornéat reste vigilant sur ce dispositif et les conditions d’hébergement des MNA. « Il arrive qu’ils soient 5 ou 6 dans une chambre d’hôtel, affirme-t-il. Il y a un manque de structures adaptées et les établissements choisissent leur public, du coup le service public de l’accueil inconditionnel ne parvient plus à orienter les jeunes. Les placements qui devraient se limiter à six mois s’éternisent ». Des solutions pérennes, notamment la création de places de répit pour les situations les plus difficiles, devraient être proposées la première semaine de novembre.