Non-recours aux aides : éclairage sur un combat à mener

À l’image de l’ACS (Aide à la Complémentaire Santé) ou du RSA (Revenu de Solidarité Active), le taux de non-recours à l’Allocation personnalisée pour l’autonomie (APA) reste très important. Entre 20 et 28% des potentiels bénéficiaires personnes ne la sollicitent pas, selon une récente étude de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques).

Attribuée et versée par les Conseils Départementaux, l’APA est une prestation de compensation de la dépendance accessible à toute personne de plus de 60 ans rencontrant une incapacité à réaliser les actes de la vie quotidienne, à domicile ou en institution. Après une évaluation médico-sociale, son montant est attribué en fonction des revenus.

Manque d’information

L’analyse de la DREES, réalisée auprès des professionnels de terrain de quatre départements, concerne les personnes, vivant à domicile, pour qui le recours à l’APA est le plus faible. Parmi les deux principales causes : le manque d’information sur l’existence de ce droit et un défaut de communication, entrainant une mauvaise connaissance du dispositif.

D’abord parce que les amalgames génèrent la non-demande : les personnes pensent que l’allocation sera récupérée sur leur succession – ce qui est vrai mais dans certains cas seulement -, ou encore qu’elle est liée à des conditions de ressources – à nuancer aussi. Il appartient donc aux pouvoirs publics de faire des efforts en direction des potentiels bénéficiaires.

Ensuite, certaines personnes ne souhaitent pas solliciter cette prestation. Pour les professionnels de terrain, la crainte d’une stigmatisation, les problèmes d’accessibilité, la difficulté d’accepter cette aide en nature (qui se traduit par l’intervention de professionnels au domicile par exemple), le délai des procédures administratives, la présence d’alternatives etc. comptent parmi les raisons de ce choix.

Éthique

L’étude, qui rappelle la nécessaire liberté et la dignité de tout un chacun, se pose néanmoins la question de la limite du choix personnel de non-recours à une aide humaine. Jusqu’où va le droit au risque ? Pour les professionnels de terrain, il s’agit de discerner ce qui relève du « risque normal et acceptable, inhérent somme toute à la vie de l’individu, de ce qui représente une véritable mise en danger de l’individu lui-même ou d’autrui et nécessite la mise en place de mesures spécifiques ».

Une réflexion salutaire à mener pour répondre avec un peu de hauteur de vue aux questions d’action sociale telles qu’elles sont posées dans le contexte politique actuel…