N° 716 | Le 8 juillet 2004 | Patrick Méheust | Critiques de livres (accès libre)
Réfléchir ensemble, au sein de l’organisme où l’on exerce son activité professionnelle, sur ce qui constitue le cadre et le fondement de la pratique quotidienne est un exercice des plus salutaires pour clarifier à la fois les enjeux et les limites de ce que l’on fait. À l’heure où la loi rénovant l’action sociale et médico-sociale invite les institutions à définir précisément leurs projets de service et leurs règles de fonctionnement il n’est pas inutile de s’inspirer de la méthode employée par d’autres pour parvenir sans encombre au résultat désiré.
Dans cette perspective, le présent ouvrage qui retrace en détail les modalités de ce travail d’introspection collective mené par l’ACJAM, une association de la région parisienne intervenant dans le champ de la prévention spécialisée, peut apporter un certain nombre d’éclairages. La recherche d’adhésion de l’ensemble des acteurs (cadres, éducateurs, etc.) sur le bien fondé de la démarche constitue un préalable important pour dissiper les appréhensions et favoriser l’implication de chacun. Il s’agit donc d’être parfaitement transparent sur ce que l’on veut faire et sur les moyens qui seront déployés pour y arriver. Le recours aux entretiens directifs permet, tout en autorisant une certaine liberté de parole, de cadrer le processus exploratoire. D’autre part, chaque interviewé se sent, à juste titre, considéré comme producteur à part entière du futur projet commun.
Au terme de ce parcours, un (ou des) document(s) de synthèse traduiront noir sur blanc les objectifs poursuivis (et donc aussi les limites que l’on se fixe), les manières de procéder, la technicité propre mise en œuvre et d’une façon plus générale la culture partagée par l’ensemble des acteurs de l’institution. Dans le cas de l’AJCAM, le référentiel ainsi élaboré réunit un ensemble d’éléments tels que les valeurs et la philosophie sur lesquelles s’appuie l’association, des rappels déontologiques, les principes fondamentaux de l’action en prévention spécialisée, autant de dimensions qu’il est important de toujours garder présentes à l’esprit. Le document final s’attache également à rappeler plus concrètement les objectifs recherchés à travers le travail de proximité auprès des jeunes, le rôle de chacun dans la mise en œuvre des projets et les collaborations qu’il est souhaitable de rechercher pour obtenir le maximum d’efficacité (relations avec les organismes financeurs, partenariats de terrain, etc.).
Nul doute que ce type de démarche, entreprise collectivement et accompagnée par un intervenant extérieur, peut s’avérer profondément bénéfique pour mieux saisir, au-delà des aléas du quotidien, le sens de l’action et renforcer la cohérence des équipes.
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