N° 1267 | Le 18 février 2020 | Critiques de livres (accès libre)

Ma chérie et moi

Jean Chédotal


Éd. du Traict, 2018, (100 p. – 12 €)

Thèmes : Polyhandicap, Ecriture

L’esprit vif dans un corps empêché

La naissance de Jean Chédotal, en 1968, s’est mal passée. Un manque d’oxygénation a provoqué un handicap grave : il n’a accès ni à la parole, ni à la marche. Cela ne l’empêche pas d’être particulièrement actif, volontaire et persévérant. Depuis l’âge de 11 ans, il réside au centre Saint-Jean-de-Dieu situé dans la cité corsaire du Croisic (44). Il a toujours gardé, au fond de lui, une profonde frustration et une intense colère qui se sont souvent manifestées par de l’agressivité et une grande impatience à l’encontre de son entourage proche. Sa façon d’essayer de se changer les idées, de se vider la tête et d’oublier le stress du quotidien ? Multiplier les activités (équithérapie, baptême de l’air, promenade en bateau, théâtre, rencontre handisport) et les voyages (Paris, le Maroc, séjour de neige). Ce qu’il affectionne particulièrement, c’est bien de sortir avec son fauteuil électrique et de zigzaguer, se faufiler et louvoyer entre les touristes ébahis. Mais, ce qui lui a surtout permis de se calmer, c’est l’amour qu’il voue à Sylvie avec laquelle il partage sa chambre. Participant régulièrement à l’écriture du journal du centre, il a composé un premier livre, en 2010, grâce à la langue Bliss et ses tableaux de symboles primaires dont la combinaison permet de communiquer. Son second opus décrit ses joies et ses peines et son incroyable force de caractère. Il parle avec aisance des professionnels bienveillants qui l’entourent évoquant sa tristesse d’en voir partir certains et son soulagement quand celle qui était vraiment « trop braque » part en retraite. Sa gestuelle n’étant pas toujours simple à interpréter, que ça l’énerve d’entendre ses interlocuteurs répéter parfois leurs phrases, comme s’il était bête ! Reste cette écriture qui lui permet d’évacuer ses sentiments qu’ils soient bons ou mauvais.

Jacques Trémintin

Éd. du Traict, 2018, (100 p. – 12 €)


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