Logements indignes, la mort chez soi

« Le logement est une des conditions sine qua non à la construction sociale de chaque individu : ne pas avoir de logement, c’est accéder plus difficilement à un travail, mettre sa santé en danger, ne pas profiter pleinement d’un accès à l’éducation et à la culture. Alors face à de tels enjeux, les habitants sont parfois poussés à accepter un logement indigne, insalubre, dangereux. » Le 14 novembre, la confédération nationale du logement (CNL) a lancé un guide intitulé Mon logement est-il décent ?

Marseille, record d’insalubrité

Triste actualité : déjà en 2015, la fondation Abbé Pierre avait évoqué 40 000 logements indignes marseillais, concernant 100 000 habitants, proportions nulle part vues ailleurs. L’effondrement meurtrier de deux immeubles, le 5 novembre dernier, est venu illustrer ce constat. Arrêtés de péril pris en vain, immeuble visé virtuellement par le plan d’habitat indigne (EHI), copropriété notoirement dégradée… mais le quartier concerné, Noailles, ne compte que 5% de logements sociaux.

Colère noire

Huit morts, et une colère noire, exprimée le 10 novembre dernier et les jours suivants : le 14 novembre, une « marche de la colère » réunissait des milliers d’habitants, aux cris de « Sang sur les mains, menottes aux poignets », ou encore « Élus, responsables, que la justice passe ». La veille, une série de perquisitions avaient eu lieu dans différents services de la mairie marseillaise et au siège du bailleur social propriétaire d’un des immeubles effondrés.

Paris Opéra

Dans la capitale, l’association des victimes de l’incendie de l’hôtel « social » Paris-Opéra (AVIPO) se bat depuis treize ans pour voir reconnue la gravité des préjudices subis en 2005 lors de l’incendie d’un hôtel dit « social » (24 morts, dont onze enfants, des dizaines de blessés, dont des personnes restées handicapées à vie). Peines minimales prononcées en 2013, victimes démunies au plan civil, errance judiciaire…

Justice reste à faire

Le 15 novembre dernier, une nouvelle procédure avait lieu, à partir du rejet des indemnisations au rabais proposées par l’assureur AXA… qu’un tiers des familles avait rejeté. « AXA refuse une négociation globale sur les préjudices spécifiques comme cela s’est fait dans d’autres affaires, et profite du désarroi des victimes confrontées aux lenteurs de la justice pour faire accepter les transactions au cas par cas et des indemnités au rabais. », dénonce Droit au logement. Le procès est prévu jusqu’au 22 novembre.